NAMED - Impact de la nature sur la distribution de la santé mentale

Last updated on 14-12-2022 by Pierre Daubresse
Durée du projet :
juillet 1, 2017
-
juin 30, 2021

En bref

Les maladies mentales constituent un problème croissant dans les sociétés modernes. En Belgique, le nombre de personnes présentant des difficultés psychologiques a augmenté de 6 % entre 2008 (26 %) et 2013 (32 %). Il est frappant de constater que ces symptômes sont plus fréquents dans la Région de Bruxelles-Capitale que dans le reste du pays. Plusieurs études internationales ont montré les effets négatifs de l’urbanisation sur la santé mentale, tandis que d’autres ont mis en évidence les effets bénéfiques des zones naturelles. Seules quelques recherches sont disponibles sur ce sujet en Belgique. Dans le cadre du projet NAMED, nous étudions donc l’impact des environnements bâtis et non bâtis sur le bien-être mental des Bruxellois.

Description du projet

Le projet NAMED se concentre sur la Région de Bruxelles-Capitale et vise à :

  • évaluer les relations entre les environnements (non) construits, l’air, la pollution sonore et la santé mentale
  • acquérir des connaissances sur les mécanismes sous-jacents. 

Pour atteindre ces objectifs, nous combinons 2 approches complémentaires :

  1. d’une part, nous menons une étude épidémiologique basée sur le couplage entre les données des enquêtes nationales de santé par interview et les indicateurs décrivant le lieu de résidence de chaque participant en termes de caractéristiques urbaines, de qualité de l’air et de bruit. Ces indicateurs sont développés spécifiquement pour le projet et reposent sur des systèmes d’information géographique et de suivi. Cette étape permet d’explorer les relations entre santé mentale et milieu de vie. Cela nous permet également d’enquêter sur le rôle des variables intermédiaires potentielles, telles que l’impact des facteurs socio-économiques, le soutien social, les activités de loisirs, etc. 
  2. en parallèle, nous interrogeons les habitants (entretiens semi-structurés organisés dans leur quartier) sur leurs perceptions et préférences concernant leur cadre de vie en matière de santé mentale. Nous consultons également des parties prenantes et des experts locaux par le biais de groupes de discussion et d’évaluations approfondies par les pairs.

Ces approches font appel à des experts en sciences médicales, épidémiologiques, géographiques et sociales et nous permettent d’avoir une vue d’ensemble du sujet. Les conclusions permettront d’informer les décideurs et de suggérer des actions concrètes fondées sur des preuves qui s’avèrent utiles pour la santé publique, la planification urbaine et la gestion de la nature.

Résultats

1. Un environnement social cohésif et solidaire est bénéfique pour la santé mentale

Les résultats de la partie quantitative montrent que le support social represente un déterminant important de la santé mentale. Dans la partie qualitative, les participants mentionnent l’importance des liens communautaires pour leur bien-être mental, via notamment les,relations de voisinages. 

2. Un environnement favorable à l’activité physique est bénéfique pour la santé mentale

Les résultats de la partie quantitative montrent que l’activité physique est un déterminant important de la santé mentale. Dans la partie qualitative, de nombreux participants ont mentionnés que l’activité physique leur permettait de mieux gérer leurs émotions négatives, de briser la routine et de se sentir en bonne santé. Il ressort également des interviews que la possibilité de pouvoir se rendre à pied dans differents commerces du quartier apporte un sentiment de sécurité et de cohésion au sein du voisinage.  

3. Les citoyens ne sont pas tous égaux face aux facteurs environnementaux négatifs et positifs

Les résultats de la partie quantitative montrent que les individus nés dans un pays non-européen, ayant un faible niveau d’éducation ou un faible revenu sont plus exposés à la pollution de l’air, ont un accès moindre aux espaces verts et sont plus exposés à la pollution sonore dans leur environnement résidentiel. Les résulats de la partie qualitative montrent en effet que certains quartiers sont particulièrement défavorisés, que ce soit d’un point de vue physique (vandalisme, graffiti, buildings abandonnés), social (traffic de drogue, crime, harcelement, violence) ou économique (faible revenu ou niveau d’éducation). Dans ces quartiers, la présence continuelle de déchets clandestins dans les rues engendrent frustration, détresse et émotions négatives. Concernant la sécurité, les participants ont souvent mentionné les problèmes liés au vandalisme, au traffic de drogue et au vol. De nombreux participants ont également fait part de l’impact de la pollution sonore provenant du traffic routier sur leur bien-être mental. Enfin, les participants vivant dans des quartiers socialement défavorisés sont plus nombreux à se plaindre d’un manque d’acces aux espaces verts et récréationnels. 

4. Le traffic routier est néfaste pour la santé mentale

Les résultats de la partie quantitative montrent une association significative entre la pollution liée au traffic routier et les troubles dépressifs. Dans la partie qualitative, de nombreux participants mentionnent leurs inquiétudes face à la pollution de l’air et évitent les rues encombrées par le traffic. Le manque de sécurité routière était associée à un important sentiment d’insécurité pour les piétons et cyclistes, et plus particuierement pour les personnes ayant des enfants. Le bruit lié au traffic routier affecte également le bien-être mental. 

5. La nature est bénéfique pour la santé mentale  

Les résultats de la partie quantitative n’ont pas pu mettre en évidence l’impact positif de l’exposition aux espaces verts sur la santé mentale. Cela peut s’expliquer d’une part,par des raisons d’ordre methodologique. D’autre part, Bruxelles est une ville ou les inégalités environnementales sont fortement marquées avec une association significative entre le niveau socio-économique et l’exposition aux espaces verts, ce qui complique la possibilité de demêler leurs impacts relatifs sur la santé mentale. La partie qualitative souligne cependant l’importance de la nature pour la santé mentale. Durant les entretiens, les participants ont mentionnés que les espaces verts leurs permettait d’échapper à l’agitation citadine, de se reconnecter à la nature, de s’aérer, de se relaxer et de reprendre de l ‹énergie. Les espaces verts aident également à l’auto-régulation des émotions négatives, au maintien de l’activité physique et des activités sociales contribuant ainsi au bien-être mental. 

6. La santé mentale urbaine et un phénomène complexe

Les résultas de la partie quantitative montrent l’importance des déterminants personnels (comme le statut socio-économique ou l’activité physique), sociaux (qualité du support social), et physique (qualité de l’environnement intérieur, qualité de l’air) de la santé mentale. La partie qualitative met également en évidence l’importance de l’interaction entre de nombreux facteurs (sociaux, physiques, personnels et institutionnels)  pour expliquer la façon dont les bruxellois percoivent leurs quartiers et s’y sentent. La diverté sociale au sein d’un quartier est, par exemple, un élément qui contribue positivement au bien-être mental en favorisant la solidarité, la tolérance et la création de liens. Parmi les facteurs physiques, la présence de commerces, transports publics et services sociaux à proximité ont souvent été cités comme ayant un impact positif sur la santé mentale des résidents. Parmi les facteurs institutionnels, une modulation des politiques en fonction des contextes de voisinages via une planification participative et une réactivité face aux demandes locales apparait être un élément important pour améliorer la satisfaction des habitants d’un quartier.

Chercheurs de projet de Sciensano

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