Journée mondiale de la santé [1]
Le mercredi 7 avril 2021 est la Journée mondiale de la santé. Le thème de cette année est «les inégalités en matière de santé». À cette occasion, nous souhaitons mettre en lumière certaines de nos activités scientifiques sur ce thème.
Les inégalités en matière de santé constituent un problème social important
Nous constatons que les personnes ayant un statut socio-économique plus élevé (revenus plus importants et niveau d’éducation plus élevé) vivent non seulement plus longtemps mais passent également plus d’années en bonne santé. C’est surtout pour ce dernier paramètre (espérance de vie en bonne santé) que l’on constate des différences frappantes : entre 2001 et 2011, l’écart (indice d’inégalité) entre les hommes très instruits et ceux qui le sont moins a augmenté de 73 %. Chez les femmes, l’écart s’est accru de 20%. De manière analogue, nous savons qu’environ deux fois plus de personnes moins instruites ont des problèmes de santé (troubles chroniques, troubles multiples en même temps, diabète, problèmes de sommeil et d’anxiété, etc.) par rapport aux personnes plus instruites (chiffres basés sur l’enquête de santé 2013). Les inégalités en matière de santé sont également liées à une moins bonne connaissance de la santé (les compétences dont les gens ont besoin pour prendre des décisions concernant leur santé). Ce dernier point semble être particulièrement vrai pour les personnes en mauvaise santé, les personnes âgées et les personnes peu instruites. Ce ne sont là que quelques-unes des données issues du rapport sur l’état de santé des Belges [2] (Health status report) élaboré depuis 2019 par Sciensano afin d’assurer le suivi des stratégies des différents niveaux de pouvoir belges en matière d’inégalités en matière de santé.
Les informations sanitaires jouent un rôle crucial dans la lutte contre les inégalités en matière de santé
C’est pour cette raison que le projet européen BAHCI [3] a exploré au cours des trois dernières années la manière dont les données sanitaires dans les registres de population, les registres administratifs, les statistiques d’état civil et les revues scientifiques sont utilisées par les décideurs politiques, les prestataires de soins de santé et les gestionnaires de communauté pour prendre des décisions. Ils ont développé à cet effet le fameux Health Information (HI)-Impact Framework afin de surveiller la disponibilité, la diffusion et l’utilisation de données fondées sur des preuves, permettant ainsi d’étudier l’impact sanitaire et sociétal de certains produits et services. Cette étude doit contribuer à une meilleure performance des systèmes de santé et à des interventions sanitaires plus efficaces à différents niveaux. Chez Sciensano, nous appliquons déjà cette technique à nos propres informations sanitaires et nous l’utilisons pour enrichir le dialogue avec d’autres acteurs du secteur des soins de santé belge, avec les patients et avec le grand public.
La valeur ajoutée de cette approche est également reconnue au plan international. Le projet a ainsi reçu en 2020 le « Recognition of success award » de l’International Association of National Public Health Institutes.
Études au niveau local
A une plus petite échelle, Sciensano teste actuellement dans 2 communes l’influence des éléments environnementaux sur l’exercice physique et les habitudes alimentaires des habitants. Nous essayons principalement d’impliquer directement dans ce projet (CIVISANO) les personnes issues d’un milieu socio-économique moins favorable, pour que leurs expériences puissent être intégrées d’une manière plus active et plus consciente dans les résultats des études et dans les recommandations. Nous souhaitons ainsi réduire le fossé qui existe en matière d’inégalité sanitaire.
Le COVID-19 lui aussi contribue aux inégalités. Avec le projet HELICON [4], nous étudions les effets directs et indirects du COVID-19 sur la santé, à long terme dans notre pays. En liant cette étude à une perspective sociale, économique et démographique, nous souhaitons mettre en évidence les inégalités sanitaires liées au COVID-19.
Le projet RESISTIRE [5], financé par l’UE, démarrera également prochainement. Ce projet vise à comprendre l’impact des politiques adoptées face au Covid-19 sur les inégalités comportementales, sociales et économiques en Europe. Sur la base d’analyses quantitatives, qualitatives et de consultations avec des experts, les chercheurs vont concevoir, élaborer et tester des solutions politiques et des innovations sociales qui seront utiles aux décideurs politiques et aux acteurs dans différents domaines politiques.
L’inégalité en matière de santé est une bête à plusieurs têtes. Elle doit donc être combattue dans différents domaines. Qu’il s’agisse de développer des indicateurs de suivi de la situation, d’évaluer l’accès aux soins de santé, la participation des citoyens, d’étudier l’impact des espaces verts ou d’autres aspects pertinents, Sciensano apporte une assistance scientifique aux décideurs politiques et aux personnes sur le terrain.