En bref
L’arsenic est un métalloïde ou un semi-métal qui peut être présent dans l’environnement, dans des organismes vivants et dans l’alimentation sous diverses formes chimiques. Ces formes sont également appelées « espèces d’arsenic » et chacune présente une toxicité caractéristique différente : l’arsenic inorganique est, par exemple, un cancérogène connu alors que l’arsénobétaïne organique est connu pour être non toxique. Les produits alimentaires qui contribuent le plus à l’exposition à l’arsenic inorganique sont, entre autres, le riz et des produits alimentaires spéciaux, en ce compris les compléments alimentaires. Les données concernant la concentration d’arsenic et la spéciation dans les compléments alimentaires sont rares en Belgique et au niveau européen. Pour ce qui concerne les compléments alimentaires à base d’argile, la littérature internationale ne contient pratiquement aucune information.
Dans ce contexte, le projet COMPAs vise à :
- contribuer à accroître les connaissances disponibles sur la concentration et la spéciation de l’arsenic dans différents types de compléments alimentaires, et
- mieux comprendre le risque et l’exposition réelle de la population belge à l’arsenic des compléments alimentaires.
Description du projet
Compte tenu de la teneur maximale belge actuelle pour l’arsenic (As) dans les compléments alimentaires sélectionnés et des futurs débats européens potentiels sur les teneurs en As dans les compléments alimentaires, 83 échantillons de compléments alimentaires ont été prélevés sur le marché belge et analysés par ICP-MS et HPLC-ICP-MS pour l’arsenic total et quatre espèces d’arsenic. Différents types de compléments alimentaires ont été sélectionnés : des compléments alimentaires à base d’algues, d’huile de poisson ou de krill, ou d’autres matrices biologiques non marines (plantes terrestres, levures, etc.), des compléments alimentaires contenant de l’argile, et d’autres compléments alimentaires d’origine minérale ou synthétique.
Les compléments alimentaires contenant de l’argile forment un groupe particulier dans le cadre de ce projet, étant donné que, et surtout dans le cas de l’argile pure, on s’attend à ce que tout l’arsenic de ces échantillons soit présent sous la forme inorganique la plus toxique (Asi). Contrairement aux matrices biologiques, on peut toutefois s’attendre à une plus faible bioaccessibilité de l’arsenic. En termes de risque, la première question n’est donc pas de savoir quelles espèces sont présentes, mais plutôt de connaître la bioaccessibilité de cet arsenic inorganique. Par conséquent, la fraction d’arsenic bioaccessible dans ces échantillons a été déterminée à l’aide du protocole « Unified Barge Méthode » (UBM ; Denys et al., 2012). Cette méthode a également été appliquée à d’autres compléments alimentaires minéraux ou synthétiques.
Enfin, des calculs d’exposition ont été effectués et les risques potentiels ont été évalués par comparaison de l’exposition aux valeurs de référence.
Les teneurs totales en arsenic différaient grandement entre plusieurs types de compléments alimentaires et également entre des compléments alimentaires du même type. Les teneurs totales en arsenic dans les compléments alimentaires se classaient comme suit, en ordre décroissant : compléments à base d’algue, à base d’huile de poisson et de krill, à base d’argile, matrices biologiques non marines et « autres » suppléments d’origine minérale ou synthétique. Les teneurs des espèces d’arsenic variaient fortement entre les types de compléments alimentaires et à l’intérieur des différents types. Même si la présence d’arsénobétaïne (AB) a été notifiée dans différents types d’algues, les teneurs en arsénobétaïne dans tous les échantillons de compléments alimentaires à base d’algues n’étaient pas quantifiables.
Pour déterminer la fraction d’arsenic bioaccessible dans les compléments alimentaires contenant de l’argile, minéraux et synthétiques, le protocole UBM a été appliqué. Les résultats ont montré que la bioaccessibilité de l’arsenic s’élevait à 50 % ou moins et variait entre tous les échantillons à base d’argile et était proche de 100 % dans les autres compléments alimentaires minéraux et synthétiques.
L’évaluation des risques a montré que la consommation des compléments alimentaires testés n’entraînait aucun risque de toxicité aiguë due à l’ingestion d’arsenic. Pour la population générale, l’ingestion d’arsenic résultant de la consommation chronique des compléments alimentaires testés ne posait, dans la plupart des cas, aucun problème, à l’exception de compléments alimentaires testés à base d’argile, même en tenant compte de la bioaccessibilité relativement faible de l’arsenic dans ces compléments alimentaires.
Plusieurs recommandations ont été formulées à l’intention des organes réglementaires sur la base des résultats de ce projet.