Les vaccins introduits dans les programmes de vaccination belges ont considérablement changé l’épidémiologie des maladies infectieuses qu’ils ciblent, reduisant fortement leurs incidences. Certaines infections sont devenues sporadiques, comme le tétanos, ou ont été éliminées en Belgique, comme la rubéole congénitale et la poliomyélite. La vaccination et la surveillance de ces maladies restent néanmoins nécessaires en raison du risque d’importation et de la sévérité de ces maladies.
Après une baisse généralisée du nombre de cas de maladies infectieuses à prévention vaccinale en 2020-2022 suite à la pandémie de covid-19, l’année 2023 montre des tendances toutes autres :
- Une augmentation consédarable du nombre de cas de coqueluche (depuis aout 2023) et de rougeole (dernier trimestre 2023) qui s’est poursuivie en 2024.
- Pour d’autres pathogènes, comme le pneumocoque ou haemophilus influenzae, le nombre de cas fut le plus élevé observé depuis ces 10 dernières années.
- Pour le méningocoque, le nombre de cas a aumenté en 2023 mais n’a pas encore atteint les tendances observées avant le covid-19. Une légère augmentation des oreillons fut également mise en évidence.
L'augmentation du nombre de cas de rougeole était prévisible car la couverture vaccinale contre la rougeole est encore trop faible. Plus de la moitié des cas n'étaient pas vaccinés et une personne sur quatre ne disposait pas d'informations sur son statut vaccinal. La Belgique, comme d'autres pays européens et l'OMS, s'est engagée à éliminer la rougeole, mais cette couverture vaccinale insuffisante (<95% pour deux doses) rend difficile la réalisation des objectifs de l'OMS.
En ce qui concerne la coqueluche, la couverture vaccinale chez les enfants est suffisamment élevée, mais en raison de l'affaiblissement de l'immunité au fil du temps, des infections moins graves peuvent survenir plus tard dans la vie. On observe donc un schéma typique avec des épidémies cycliques tous les 4 à 5 ans. Les nourrissons âgés de 0 à 3 mois sont les plus vulnérables aux complications. Ces très jeunes enfants ne peuvent être protégés que par la vaccination pendant la grossesse. Malheureusement, la couverture vaccinale des femmes enceintes est très faible en Wallonie et à Bruxelles.
Pour les infections invasives à méningocoques, pneumocoques et Haemophilus influenzae, les taux de couverture atteints sont satisfaisants mais les vaccins disponibles/présents dans le caledrier vaccinal ne protègent pas contre tous les sérogroupes/sérotypes. De plus, des modifications ou des remplacements des sérotypes/serogroupes circulants surviennent avec le temps.
Ainsi, pour le pneumocoque, une nette augmentation des sérotypes non couverts pas la vaccination gratuite avec le vaccin 13-valent PCV13 a été mise en évidence. Une partie de ces sérogroupes sont toutefois contenus dans les vaccins à 15 ou 20 valences, pas encore introduits dans le calendrier vaccinal. Pour le méningocoque, une augmentation des sérotypes W et Y fut observée et l’augmentation se poursuit encore en 2024. Le vaccin contre les sérotypes ACWY est dispobible gratuitement pour les enfants d’un an mais uniquement depuis mi-2023. De plus, ce vaccin, également recommandé depuis 2019 chez les adolescents par le Conseil Supérieur de la Santé n’est pas gratuit pour cette tranche d’âge qui alors que les adolescents sont pourtant les principaux porteurs (et donc contaminateurs) avec les jeunes adultes. Pour Haemophilus influenzae les cas observés sont très majoritairement liés à des souches non-encapsulées pour lesquelles il n’existe pas de vaccin.
Ces évolutions et cette augmentation ne sont pas en soi inattendues et ne constituent pas un échec de la politique de vaccination : le nombre total de cas reste bien inférieur à ce qu'il était avant l'introduction de la vaccination.