Sciensano, en collaboration avec les autorités sanitaires régionales, a analysé et rapporté les données de la vaste campagne de tests qui a été effectuée dans les établissements de soins de longue durée belges, au cours de la période avril-mai 2020. Les résultats de cette analyse ont été publiés dans une lettre sur le site web du Lancet. Certaines de ces données (notamment le nombre des cas asymptomatiques) étaient déjà disponible dans les bulletins épidémiologiques hebdomadaires, mais sont désormais analysées plus profondément et mises en contexte.
75 % des cas étaient asymptomatiques au moment du test
Plus de 280 000 tests ont été effectués parmi les résidents et le personnel des établissements de soins. Parmi ceux-ci, 3 % étaient positifs pour le SARS-CoV-2, et parmi les positifs, environ 75 % étaient asymptomatiques au moment du test. Cette constatation est importante, car les personnes asymptomatiques peuvent transmettre le virus, même si leur rôle dans l’épidémie n’est pas encore tout à fait clair. Il y a toutefois quelques éléments importants à garder en tête lors de l’interprétation de ces données.
Eclaircissement sur l’analyse
Premièrement, la campagne de dépistage n’avait pas été conçue comme une étude clinique et les données doivent être interprétées avec prudence. On a par exemple uniquement des informations sur les symptômes au moment du test, pas avant ni après. On ignore quel pourcentage des personnes testées positives aurait encore développé des symptômes dans les jours qui suivaient le test.
Deuxièmement, la campagne de tests a eu lieu au cours d’une période où le nombre de cas en Belgique était en baisse, mais encore relativement élevé par rapport à la situation actuelle. Si nous devions répéter les mêmes tests maintenant, la proportion de personnes positives serait encore plus faible que les 3% constatés. En même temps, une campagne de dépistage massive a des coûts élevés, tant financiers qu’en termes de ressources humaines au niveau du personnel de santé et en termes de désagréments pour les personnes testées.
La lettre ne recommande pas de mettre en œuvre ces campagnes de manière régulière mais souligne l’importance d’une stricte adhérence aux mesures de prévention et de contrôle des infections. Il s’agit notamment :
- d’une bonne hygiène des mains,
- du port du masque universel,
- du testing dès qu’une personne présente des symptômes,
- du suivi des contacts,
- du testing de ces contacts à haut risque.
Pour les établissements qui signalent un plus grand nombre de cas sur une courte période, il convient d’analyser, avec les autorités sanitaires locales, la meilleure approche à adopter pour éviter et contenir les foyers. Cette approche, dans le cas de foyer, pourrait inclure un dépistage plus large. La mise en œuvre de mesures strictes en matière de prévention et contrôle des infections a un faible coût économique, aide aussi à lutter contre d’autres problèmes de soins (comme les bactéries multi-résistantes) et est soutenable à long terme, car il est possible que l’on soit encore confronté à ce virus pour une certaine période.