Les infections à Clostridium difficile (ICD) sont une cause majeure de diarrhée et de colite pseudomembraneuse dans les institutions de soins aigus et chroniques. Ce rapport fait la synthèse des données épidémiologiques relatives aux ICD en Belgique à partir de plusieurs sources : surveillance nationale dans les hôpitaux, y compris les données du laboratoire national de référence (2008-2016), les données (exhaustives) des séjours hospitaliers (résumés hospitaliers minima, 1999 -2014), les données de tests diagnostiques facturés à l’INAMI et le registre des décès (1998-2014)
En 2016, 135 hôpitaux ont enregistré des données dans le système de surveillance épidémiologique. L’incidence des ICD dans les hôpitaux aigus en Belgique, calculée sur base des données de surveillance, est stable au niveau national (1.58 épisodes d’ICD associées à l’hôpital par 10.000 journées d’hospitalisation). Cette incidence a augmenté (et reste la plus élevée) en Wallonie, et a diminué (et reste la plus faible) en Flandre. Cependant une validation à partir des données des séjours hospitaliers suggère que l’incidence réelle dans les hôpitaux belges est probablement plus élevée d’environ 25%.
En 2016, 942 échantillons typables en provenance de 84 hôpitaux ont été analysés par le laboratoire national de référence dans le cadre de la surveillance, 137 ribotypes différents ont été identifiés, dont 72 une seule fois. La distribution est comparable aux années précédentes. Les souches hypervirulentes restent bien présentes: BR 078 et BR027 ont été isolés dans 38% et 26% des hôpitaux, respectivement.
En 2014, il y a eu au total 3609 séjours avec une ICD dans les hôpitaux belges (données de séjours hospitaliers). Le nombre de tests diagnostiques facturés pour recherche de C. difficile dans les selles chez les patients hospitalisés a beaucoup diminué. Cependant, rapporté au nombre d’ICD diagnostiquées, le nombre est resté stable depuis 2008, malgré le développement de tests plus sensibles. Par ailleurs un total de 63 certificats de décès mentionnait une ICD comme cause initiale du décès. Le taux de mortalité spécifique due aux ICD (0.56/100000 habitants en 2014) diminue de manière continue depuis le pic de 2006.
Comme pour les années précédentes, la grande diversité des ribotypes isolés pointe vers la diversité des sources de transmission. Malgré l’existence d’épidémies sporadiques, la transmission intra-hospitalière à partir des cas symptomatiques ne représente qu’une minorité des ICD associées à l’hôpital en Belgique. Le rôle des personnes colonisées non malades ainsi que le rôle de l’environnement dans l’épidémiologie des ICD restent à explorer. Dans l’état actuel des connaissances, on peut considérer que la stratégie la plus utile en Belgique pour un meilleur contrôle des ICD repose sur un usage prudent des antibiotiques.