Du 8 au 15 décembre 2020, 3 140 professionnels de soin et d’aide et aidants proches ont participé à l’enquête ‘POWER TO CARE’ de Sciensano et la KU Leuven. L’enquête sondait le bien-être et le besoin de soutien de ce groupe qui, en raison de la crise du COVID-19, se trouve confronté à une pression grandissante. L’enquête a fait apparaître que la crise du COVID-19 a eu un impact considérable au niveau personnel, professionnel mais aussi physique pour les professionnels de soin et d’aide et les aidants proches.
La pression qui s’exerce sur les professionnels du secteur des soins et du bien-être a augmenté en raison de la crise du COVID-19, suite à l’impact des soins à apporter aux personnes (présumées) infectées par le virus, à l’obligation de respecter les mesures d’hygiène et de protection personnelle et en raison d’une augmentation des tâches administratives. La crise a également entraîné de nouveaux défis pour les aidants proches.
Ce groupe de personnes s’occupe de chacun de nous lorsque nous avons des problèmes de santé ou lorsque nous avons besoin d’aide, il est donc important de suivre de près sa situation mentale et physique. Dirigeants et politiques peuvent ainsi donner suite à d’éventuels signaux d’alarme. 3027 professionnels de soin et d’aide ont participé à l’enquête, dont 95 % étaient au travail la semaine précédant celle-ci. 113 aidants proches y ont également participé. Les résultats de ce 3e groupe seront communiqués plus tard, séparément.
Les participants ont classé, de 0 (jamais) à 10 (toujours), des symptômes connus comme étant le résultat d’une pression importante, selon l’apparition de ces symptômes dans des circonstances habituelles (hors COVID) ainsi que lors de la semaine précédant l’enquête. Sciensano a analysé le nombre de participants qui ont donné un score élevé, de 7 ou plus, à ces symptômes.
Impact considérable sur le plan privé, professionnel et physique
La crise du COVID-19 a eu des conséquences néfastes à différents niveaux pour les professionnels de soin et d’aide. 10 mois après le début de la crise, les répondants ont rapporté avoir ressenti plus souvent qu’avant la crise une série de symptômes pouvant être la conséquence d’une pression plus importante. Ces signaux étaient clairement identifiés par les répondants des différents secteurs (hôpitaux, maisons de repos, la première ligne, le secteur du bien-être) et des différentes régions du pays.
Sur le plan personnel, les symptômes suivants, qui peuvent être la conséquence d’un stress chronique, sont apparus plus souvent que la normale :
- Sentiment de fatigue (56% contre 38% en temps normal)
- Être sous pression (51% contre 34% en temps normal)
- Ne pas pouvoir se détendre suffisamment (46% contre 27% en temps normal)
- Privation de sommeil (40% contre 25% en temps normal)
- Troubles de la concentration (26% contre 15% en temps normal)
Des symptômes en rapport avec un stress aigu sont également apparus plus régulièrement :
- Hypervigilance (38% contre 24% en temps normal)
- Sentiments d’anxiété (27% contre 12% en temps normal)
Sur le plan professionnel, la crise du COVID-19 laisse également des traces sur les professionnels de soin et d’aide. En décembre 2020, 22 % envisageaient de cesser leur activité (contre 10 % en temps normal). Ces résultats peuvent être liés à un sentiment d’isolement au travail (25 % contre 13 % en temps normal), a une baisse du sentiment de faire partie d’une équipe (58 % contre 69% en temps normal) et à une augmentation du sentiment d’incertitude dans leur équipe (16 % contre 7 % en temps normal). La constante réorganisation du travail, par suite de la crise, est une raison potentielle.
Il est alarmant de constater que même des problèmes physiques en rapport avec un stress chronique se sont manifestés davantage qu’en temps normal :
- Douleurs musculaires et articulaires (38 % contre 21 % en temps normal)
- Maux de tête (30 % contre 12 % en temps normal)
- Problèmes d’estomac (21 % contre 11 % en temps normal)
Le besoin de soutien reste élevé
La gravité des réactions psychiques et physiques à cette crise dépend en partie de la mesure dans laquelle les professionnels de soin et d’aide sont soutenus. En matière de soutien, l’enquête nous révèle ce qui suit :
- environ 60 % des professionnels de soin et d’aide ont partagé leurs pensées et émotions avec leur partenaire, leurs collègues directs, leurs amis et leur famille, en dehors de leur organisation, dans la semaine précédant l’enquête et ils étaient satisfaits de cette interaction.
- 27 % seulement des professionnels de soin et d’aide ont partagé leurs pensées et émotions avec leur chef et 15 % ont eu recours à un soutien professionnel.
- Le besoin de soutien dans le futur est grand. Plus de la moitié des professionnels de soin et d‘aide a indiqué avoir certainement ou probablement besoin du soutien de son chef et presque 40 % d’un professionnel.
Nous pouvons déduire de cette enquête nationale menée auprès des professionnels de soin et d’aide que dans la période qui a suivi le pic de la deuxième vague de la crise, la gravité des réactions psychiques et physiques dans ce groupe est toujours très élevée. Sciensano souligne donc l’importance d’une aide appropriée et accessible pour ces professionnels et leurs dirigeants.
Les professionnels de soin et d’aide qui nécessitent un soutien émotionnel ou psychologique peuvent trouver des solutions sur les sites : Trouver du Soutien (Wallonië), LBSM (Brussel) et De ZorgSamen (Flandre).
Cette enquête est une initiative de Sciensano et de la KU Leuven avec comme partenaires Zorgnet-Icuro, Steunpunt Geestelijke Gezondheid/Te gek!?, Santhea, Unessa et GIBBIS.