Entre 2004 et 2019, la démence (causée entre autres par la maladie d’Alzheimer) s’est progressivement hissée parmi les causes de décès les plus importantes en Belgique. C’est ce qui ressort de nouvelles analyses de l’institut de santé Sciensano. Cette montée de la démence est principalement due au fait que les décès causés par les maladies cardio-vasculaires, de loin la principale cause de décès en Belgique d’un point de vue historique, diminuent d’année en année.
Sciensano a analysé les certificats de décès collectés par l’Office de statistique Statbel et a classé tous les décès selon 130 causes de décès uniques. Les analyses détaillées permettent d’établir des comparaisons concernant l’année, l’âge, le sexe et la province. En 2019, dernière année pour laquelle nous avons pu faire des estimations, les maladies coronariennes et la démence étaient les principales causes de décès en Belgique. Chacune était responsable d’environ 9% de tous les décès. Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et le cancer du poumon occupaient une troisième et une quatrième place partagée, avec chacun une part d’environ 7% de tous les décès. Ce classement est très différent de celui de 2004, où les maladies coronariennes et les AVC étaient encore la cause de 15 et 10% de tous les décès, et où la démence n’en représentait que 5%.
“La montée progressive de la démence, mais surtout la forte baisse des maladies cardio-vasculaires comme causes des décès, et récemment encore, la baisse limitée du nombre de décès dus au cancer du poumon, font en sorte que la démence devient la cause principale de décès en Belgique”, explique Brecht Devleesschauwer, épidémiologiste chez Sciensano.
Figure 1: Evolution des décès dus aux maladies cardio-vasculaires, au cancer du poumon et à la démence dans la population belge entre 2004 et 2019
Différences importantes entre hommes et femmes
Les chiffres nationaux cachent toutefois un certain nombre de différences importantes entre les hommes et les femmes. Chez les hommes, les maladies coronariennes et le cancer du poumon se trouvent encore en tête, avec une part de 10 et de 9% de tous les décès. Seulement 6% des hommes meurent de démence. Chez les femmes en revanche, la démence est déjà la cause principale de décès depuis 2013. En 2019, presque 12% de tous les décès chez les femmes étaient dus à la démence, contre 8% dus aux maladies coronariennes et aux AVC. Chez les femmes en particulier, les décès dus au cancer du poumon également connaissent une tendance à la hausse, ce qui mérite l’attention nécessaire.
Figure 2 : Evolution des décès dus aux maladies cardio-vasculaires, au cancer du poumon et à la démence chez les hommes entre 2004 et 2019
Figure 3 : Evolution des décès dus aux maladies cardio-vasculaires, au cancer du poumon et à la démence chez les femmes entre 2004 et 2019
Les Anversois décèdent le plus souvent de démence : différences provinciales importantes dans le profil des décès
Pour la première fois, ces analyses ont également été subdivisées par province. Dans ce contexte, un certain nombre de différences géographiques intéressantes frappent. Ainsi, les habitants de la province d’Anvers (après correction pour la grandeur et la structure d’âge de la population) courent le plus grand risque de décéder d’une démence. La province du Luxembourg en revanche, court le moins grand risque. Si l’on tient compte de toutes les causes de décès, le taux de mortalité est toutefois le plus élevé dans la province de Hainaut, suivie de Namur et Liège. Les provinces de Flandre occidentale, du Brabant flamand et du Limbourg connaissent quant à elles le taux de mortalité le plus faible. Depuis 2004, le taux de mortalité dans toutes les provinces a baissé de manière significative mais les différences entre les provinces sont en grande partie restées constantes.
Faites vous-même l’analyse grâce à notre appli
Ces données sont également disponibles via une application qui vous permet d’effectuer vous-même des recherches. Il est ainsi notamment possible de vérifier d’une manière standardisée les causes de décès par région ou par province, et selon le sexe, l’âge et l’année.