La pandémie actuelle a profondément modifié notre vie quotidienne au travers notamment de mesures prises pour y faire face telles que la limitation des déplacements ou l’arrêt de la vie nocturne. Des sentiments se sont aussi exacerbés tels que le stress, la solitude ou l’ennui… Des changements radicaux pour toutes les personnes mais notamment pour celles qui consomment des drogues ont été constatés. Depuis le premier confinement, le programme drogues de Sciensano suit l’évolution de la consommation et du marché des drogues afin d’en évaluer l’impact et de prévoir les éventuelles conséquences à plus long terme.
Vous avez plus de 18 ans, habitez en Belgique et avez consommé des drogues au moins une fois en 2020, participez à la nouvelle enquête anonyme Drogues&COVID-19.
Un impact variable sur la consommation
La pandémie et les mesures prises pour y faire face ont eu un impact sur la consommation de drogues de manière variable selon la substance consommée et le profil du consommateur. « La mise à l’arrêt de la vie nocturne a impacté l’usage festif des drogues alors que, pour d’autres raisons, la consommation a progressé durant le confinement », note Jérôme Antoine, scientifique chez Sciensano.
En effet, il ressort de cette étude que :
- Les quantités de marijuana consommées ont augmenté durant le premier confinement par rapport à la situation avant celui-ci, pour, six mois plus tard, revenir à une situation similaire à celle du début de l’année.
- Les quantités de cocaïne et d’amphétamines en poudre consommées, ont par contre baissé de manière importante lors du premier confinement mais, six mois après, elles semblaient plus élevées par rapport à la situation avant le premier confinement.
- La quantité de pilules d’ecstasy consommée a quant à elle très fortement diminué durant le 1er confinement et est restée relativement basse plus tard dans l’année.
« Une différence existe entre les usagers fréquents et non-fréquents. Ces derniers ont globalement diminué leur consommation pendant le premier confinement alors que les usagers fréquents ont augmenté les quantités consommées. » explique Jérôme Antoine. « Cependant, quelques mois plus tard, on constate que la fréquence d’utilisation est de nouveau la même qu’avant la pandémie ».
Un marché des drogues stable
Le marché des drogues s’est adapté à la situation puisque l’on remarque que les substances sont restées disponibles tout au long de la crise. « Les consommateurs ont acheté des quantités plus importantes qu’avant, peut-être parce que les circonstances s’y prêtaient ou peut-être aussi pour en avoir en stock. » précise Jérôme Antoine. Pour la marijuana, la cocaïne et les amphétamines en poudre, on note une augmentation des quantités moyennes achetées pendant le 1er confinement de respectivement 13 %, 15 % et 52 %. Pour les pilules d’ecstasy, les quantités achetées ont diminué de plus de 30 % pendant cette même période.
En Belgique les dealers sont et restent la principale source d’approvisionnement. L’obtention des drogues par internet ou le darkweb ne semble pas avoir augmenté de manière importante comme cela aurait pu être attendu au vu des restrictions de déplacement imposées. Par contre, le nombre de répondants déclarant cultiver eux-mêmes leur marijuana a fortement augmenté 6 mois après le début du 1er confinement. Cette augmentation pourrait être liée à une certaine recherche d’indépendance dans l’approvisionnement.
Le rapport Drogues & COVID-19 est disponible en ligne.
L’étude est toujours en cours. Actuellement, vous pouvez à nouveau participer et aider les chercheurs à mieux comprendre la situation un an après l’apparition de la pandémie. Si vous habitez en Belgique, que vous avez plus de 18 ans et que vous avez consommé au moins une fois des drogues en 2020, n’hésitez pas à participer à notre nouvelle enquête en ligne.