Premiers résultats d’étude de la vaccination COVID chez des patients atteints d’un cancer : Moins d’anticorps, après la vaccination, chez certains groupes de patients atteints d’un cancer

Publié le : 
Mardi, 27 juillet 2021
Last updated on 7-9-2022 by Cassandre Dugailliez

Au début du mois de février 2021, l’Hôpital universitaire d’Anvers a inclus les premiers patients atteints d’un cancer dans l’étude B-VOICE. Cette étude, réalisée en collaboration avec Sciensano, analyse l’action du système immunitaire et la sécurité de la vaccination COVID chez 200 patients atteints d’un cancer. Les premiers résultats sont désormais connus : les anticorps sont produits chez la plupart des patients après la première injection, mais le nombre d’anticorps n’augmente pas chez tous les groupes de patients après la seconde injection.

Les patients traités pour un cancer courent un plus grand risque d’être atteints par une forme grave de l’infection COVID. Les études cliniques qui ont été menées dans le monde entier quant à l’efficacité des nouveaux vaccins COVID n’incluaient aucun patient qui était à ce moment-là en traitement pour son cancer. Suite à leur maladie, ainsi qu’à leur traitement, le système immunitaire de ces patients est en effet mis sous pression, ce qui provoque souvent son affaiblissement. Les chercheurs de l’UZA voulaient vérifier si les vaccins sont aussi efficaces en présence d’une telle immunité diminuée. Ils souhaitaient en outre analyser si les patients atteints d’un cancer courent davantage de risques de subir des effets secondaires (graves) des vaccins. 

Afin de collecter rapidement des connaissances concernant la réaction immunitaire et les effets secondaires de la vaccination COVID chez ces patients, un groupe de 200 patients a été vacciné dans le cadre de l’étude B-VOICE. Le produit retenu était le vaccin BioNTech/Pfizer. Des prises de sang ont été opérées avant et à différents moments après la vaccination COVID. Cette étude a été réalisée à l’UZA en collaboration avec Sciensano, l’Institut scientifique belge de Santé publique, avec l’appui du Centre fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) et de l’Université d’Anvers.

L’étude a été lancée en février 2021 et les premiers résultats sont désormais connus pour les traitements suivants contre le cancer : chimiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblée, thérapie hormonale et, spécifiquement pour le cancer du sang, la thérapie anti-cellules B et la thérapie par cellules souches allogènes. 

Prof. Dr. Marc Peeters, chef de service Oncologie : « En premier lieu, les résultats de l’étude indiquent que les effets secondaires du vaccin chez les patients subissant un traitement contre le cancer sont totalement dans la lignée des effets signalés par les personnes en bonne santé. En ce qui concerne la réaction immunitaire, nous constatons que le taux d’anticorps que produisent certains patients est inférieur au taux produit par les personnes en bonne santé après les deux doses du vaccin. Les anticorps sont produits chez la plupart des patients après la première injection, mais le nombre d’anticorps n’augmente pas chez tous les groupes de patients après la seconde injection. »

On constate des différences évidentes entre les patients en fonction de la thérapie qu’ils subissent. Pratiquement tous les patients qui suivent une thérapie hormonale, une immunothérapie ou une thérapie ciblée présentent une production normale d’anticorps. Cette même réponse normale en termes d’anticorps ne se manifeste cependant que chez un peu plus de la moitié des patients subissant une chimiothérapie, cette proportion étant même réduite à un tiers pour les patients atteints d’un cancer du sang. « Ce groupe de patients atteints d’un cancer pourrait tirer avantage d’une troisième dose du vaccin. L’étude Tri-VOICE récemment lancée analyse dès lors l’effet d’une troisième dose du vaccin, administrée environ six mois après la première injection, sur les anticorps. Des études plus poussées permettront de démontrer s’ils produiraient ainsi un taux plus important d’anticorps », précise Mieke Goossens, chercheuse chez Sciensano.  

Même si nous utilisons généralement le taux d’anticorps pour mesurer la protection dont nous bénéficions contre les infections, il existe néanmoins d’autres facteurs qui déterminent notre protection contre des infections virales, comme par exemple l’immunité cellulaire. Cet aspect de l’immunité est également analysé plus en détail dans le cadre de cette étude. À la suite de l’étude B-VOICE, les chercheurs organisent actuellement l’étude REAL-V qui analyse la réaction immunitaire d’un grand groupe de Belges présentant un diagnostic de cancer, traité ou non, et ceci pour tous les vaccins COVID administrés par les centres de vaccination. Cette étude bénéficie de l’appui de l’organisme Kom op tegen Kanker (Tous contre le Cancer).

Marc Michils, directeur général de Kom op tegen Kanker : « Nous finançons ces recherches parce que nous voulons que les patients atteints d’un cancer se sentent en sécurité et protégés. L’étude suit les patients atteints d’un cancer à partir du moment où le vaccin leur est administré dans le centre de vaccination jusqu’à un an après cette injection. S’il s’avère que le vaccin ne leur offre pas une protection suffisante, il faudra chercher d’autres solutions permettant de protéger aussi ces personnes. Cette étude ne fournit pas seulement des informations précieuses concernant les patients atteints d’un cancer, mais aussi concernant les personnes atteintes d’autres affections. Nous espérons donc que les pouvoirs publics prendront une partie du financement à leur charge. »

Grace est actuellement en traitement pour un cancer hématologique et participe à l’étude REAL-V.

Grace : « Je viens tout juste d’avoir 38 ans et je souhaiterais reprendre ma vie sociale comme avant, mais cela s’avère difficile aujourd’hui. De nombreuses personnes de mon âge ont d’ores et déjà été vaccinées et sont donc un peu moins regardantes en matière de distanciation. Je constate qu’elles attendent la même chose de ma part, mais je ne sais même pas si le vaccin m’offre une immunité suffisante. C’est la raison pour laquelle j’ai accepté d’emblée de participer à cette étude, simplement pour savoir si je suis suffisamment protégée en tant que patiente atteinte d’un cancer. »

On assiste également au lancement de l’étude Tri-VOICE visant à analyser les effets sur la réaction immunitaire d’un troisième vaccin, administré environ six mois après la première injection.

Prof. Dr. Marc Peeters : « Cette étude a été un bel exemple d’une collaboration entre différents acteurs. Je tiens dès lors à remercier chaleureusement tous les participants – l’ensemble de l’équipe et tous les patients – pour les efforts et la confiance réciproque. » 

Conclusion des premiers résultats de l’étude :

  • Le vaccin COVID de BioNTech/Pfizer est aussi sûr pour les patients traités pour un cancer que pour les bénévoles en bonne santé.
  • Compte tenu du fait qu’un effet amoindri du vaccin est possible, il est très important pour les patients atteints d’un cancer de bien se protéger, même après avoir été vaccinés. Ils bénéficient d’une protection supplémentaire lorsque les membres de leur famille et les personnes de leur entourage étroit se font également vacciner et continuent de respecter les mesures barrières.
  • D’autres études – déjà en cours – devront démontrer si un troisième vaccin, administré six mois après la première injection, contribue à la production d’un taux accru d’anticorps chez les patients en traitement pour un cancer.

Contact : press@sciensano.be

 

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