Dans la région frontalière Belgique, Pays-Bas et Allemagne, l’utilisation du code QR pour l’accès à des endroits fortement fréquentés et le testing en cas de symptômes COVID bénéficiaient d’une grande adhésion en septembre et en octobre 2021. C’est ce qui ressort d’une étude de l’impact du COVID-19 dans l’Eurégion Meuse-Rhin (EMR) réalisée par Sciensano en collaboration avec des partenaires transfrontaliers. La disposition à recevoir un rappel de vaccin était également élevée, principalement chez les plus de 60 ans. Le nombre de visites par-delà la frontière a également augmenté à mesure que les règles (de mobilité) s’assouplissaient. La mobilité vers les régions frontalières est en revanche toujours plus réduite qu’avant le début de la crise du COVID.
L’étude EMR comportait deux parties. Lors des deux tours de l’étude, les participants ont complété un questionnaire en ligne et ont laissé prélever un échantillon de sang par une piqûre au doigt. Les anticorps contre le coronavirus présents dans leur sang ont ainsi pu être mesurés. Les invitations pour le premier tour ont été envoyées en avril-mai 2021 et pour le deuxième tour, fin septembre-début octobre 2021. Au total, 3.339 personnes ont effectué un test et complété le questionnaire. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet dans la fiche ‘Impact du COVID-19 sur l’Eurégion Meuse-Rhin’ en annexe.
Vaccination et anticorps
Les anticorps sont fabriqués en réaction à une infection ou à la vaccination. L’analyse des échantillons sanguins a fait apparaître que 93% des participants avaient développé des anticorps (anticorps IgG) contre le coronavirus en septembre-octobre. Ce pourcentage inclut tant les personnes vaccinées que non vaccinées. Au cours de cette période, 93% des participants étaient entièrement vaccinés contre le coronavirus.
Les principales raisons énoncées en faveur de la vaccination étaient comparables dans les 3 pays de l’EMR, à savoir :
- éviter la maladie
- protéger la famille
- retrouver une vie normale
La plupart des participants ont indiqué être disposés à recevoir un rappel du vaccin contre le coronavirus dès que cela sera possible. Cette disposition était plus forte chez les citoyens à partir de 60 ans et la plus forte chez les citoyens allemands par rapport aux autres pays. « Une adhésion au rappel vaccinal est importante dans ce groupe d’âge. L’effectivité de la vaccination peut diminuer au cours du temps chez les personnes plus âgées et en raison de nouveaux variants. Ce rappel nous permet de relancer l’immunité et d’éviter ainsi une nouvelle propagation et des hospitalisations », déclare le chef de l’étude, le prof. dr. Christian Hoebe, professeur de lutte contre les maladies infectieuses chez GGD Zuid Limburg et Maastricht UMC+. Aux Pays-Bas, les citoyens hésitent plus à recevoir un rappel qu’en Belgique et en Allemagne. Cela peut éventuellement s’expliquer par le fait qu’en Allemagne et en Belgique, il y a toujours eu plus de clarté au sujet du déploiement du rappel.
Mesures COVID par région frontalière
Alors que les frontières dans l’Eurégion sont souvent invisibles pour les citoyens qui y vivent, celles-ci sont devenues extrêmement claires lorsque des mesures (différentes) ont été adoptées dans les 3 pays. Mesures prises dans les 3 pays :
- distance physique d’un mètre et demi
- port d’un masque buccal
- limitation de la taille des groupes
- réduction des voyages
La grande majorité (60-80%) des participants en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas a indiqué en avril-juin se conformer correctement à ces mesures, les suivre facilement et les trouver utiles. L’engagement était le plus élevé chez les citoyens allemands. De toutes les mesures prises, les participants des trois pays trouvaient le port d’un masque buccal la plus facile à respecter.
Les questionnaires de septembre-octobre ont fait apparaître que le respect d’une distance d’un mètre et demi et le port d’un masque buccal sont toujours considérés comme utiles et importants à maintenir. Les Pays-Bas font exception en ce qui concerne les règles relatives aux masques buccaux ; les citoyens néerlandais trouvaient ces masques moins utiles et l’adhésion était moins grande quant au maintien de cette règle. «Cela peut éventuellement s’expliquer par le fait qu’au cours de cette période, l’obligation de porter un masque buccal avait été assouplie depuis un moment aux Pays-Bas, alors qu’elle était toujours en vigueur en Allemagne et en Belgique. De plus, l’efficacité des masques a souvent été remise en question aux Pays-Bas», explique Stefaan Demarest, chef de projet étude de santé chez Sciensano.
Les participants s’accordaient pour dire que le fait de rester chez soi et le testing en cas de symptômes sont utiles pour lutter contre le coronavirus et ils considéraient donc qu’il est important de maintenir cette mesure. Une grande majorité des participants trouvaient également le code QR utile pour l’accès aux lieux bondés. Le maintien du billet d’entrée pour participer à des activités rencontre une forte adhésion.
Par rapport à avril-juin, le nombre de citoyens favorables à la limitation de la taille des groupes et des voyages a diminué et ils n’étaient généralement pas favorables au maintien de ces mesures.
Mobilité à l’étranger
Il est connu que les habitants de la région frontalière traversent régulièrement la frontière. Il existe un attachement aux pays voisins par le biais de la famille ou des amis qui y vivent, et certaines personnes vont souvent profiter de prix moins élevés de l’essence ou de l’alimentation juste de l’autre côté de la frontière. La pandémie du COVID a entraîné des changements, notamment dans la facilité de passer la frontière. «Lorsque la pandémie a frappé, il y a eu une baisse marquée du nombre de visites de l’autre côté de la frontière en raison de l’ensemble des mesures. Avec l’assouplissement des mesures, le nombre de passages de la frontière a de nouveau augmenté», a déclaré le PD Dr. med. Norbert Schnitzler, chef du service de santé de Düren. Dans les trois pays, les visites à la famille, aux amis et aux connaissances de l’autre côté de la frontière, ainsi que les visites de courte durée comme les courses ou le plein de carburant, ont doublé depuis l’été 2021, mais restent nettement moins nombreuses qu’avant la crise du COVID. Parmi les pays de l’EMR, les Belges ont le plus souvent rendu visite à leur famille, leurs amis ou leurs connaissances de l’autre côté de la frontière. Les Néerlandais traversent la frontière le plus souvent pour de courtes visites, comme aller au restaurant ou faire le plein de carburant.
Partenaires
Cette étude est réalisée par GGD Zuid Limburg, euPrevent Foundation, Maastricht UMC+, Gesundheitsamt des Kreises Düren (service de santé du district de Düren), Gesundheitsamt des Kreises Heinsberg (service de santé du district de Heinsberg), Gesundheitsamt der StädteRegion Aachen (service de santé de la municipalité d’Aix-la-Chapelle), Sciensano et la Communauté germanophone de Belgique. Le projet est subventionné par le programme Interreg V-A EMR. “Les résultats de cette étude soulignent le fait que le COVID-19 a eu un impact important sur les régions frontalières comme l’EMR, parce que la vie quotidienne dans ces régions a toujours été basée sur l’absence de frontières. Des études pouvant contribuer à une politique euro-régionale coordonnée en temps de crise sont d’une importance essentielle et peuvent être un exemple pour les autres régions frontalières», déclare Brigitte van der Zanden, directrice de Stichting euPrevent EMR.