Cet été, la phase d’avertissement du plan forte chaleur et pics d’ozone a été activée 2 fois, en même temps que l’épidémie de COVID-19 dans notre pays. Pendant de longues périodes de canicule (ou juste après), un excès de mortalité* est attendu. Sciensano, l’institut de santé belge, a donc enregistré un nombre important de décès supplémentaires lors de la canicule d’août.
Plan chaleur activé 2 fois
Cet été, la phase d’avertissement du plan forte chaleur et pics d’ozone a été activée 2 fois :
- une première fois du 23 au 26 juin inclus, avec une surmortalité limitée
- une deuxième fois du 2 au 17 août inclus, avec un nombre important de décès supplémentaires.
Phase d’alerte du plan chaleur activée pour la première fois en août 2020
La phase d’avertissement du plan forte chaleur et pics d’ozone a été activée pour la deuxième fois du 2 au 17 août inclus. La période effective de forte chaleur a commencé le 5 août, jour où la température maximale prévue était supérieure à 28 °C.
La phase d’alerte de ce plan a été activée pour la première fois pendant 5 jours, du 8 au 12 août. Jusqu’au 18 août, à Uccle il y a eu :
- 8 jours avec des températures maximales supérieures à 30 °C et 3 nuits avec des températures minimales supérieures à 20 °C
- 9 jours avec des concentrations d’ozone supérieures à 100 µg/m³ sur l’ensemble du pays (moyenne la plus élevée sur 8 heures), et des concentrations élevées de PM2,5 autour de 27 µg/m³ pendant une journée en Flandre et à Bruxelles
- aucune concentration de PM10 supérieure à 50 µg/m³ (moyenne sur 24 heures) n’a été observée.
Un nombre de décès supplémentaires important en août
« Du 12 jusqu’au 14 août inclus, le nombre de décès par jour a dépassé les 400, avec un pic le 13 août (488 décès). Plusieurs jours de surmortalité ont été observés dans toutes les régions et dans tous les groupes d’âge. », dit Natalia Bustos Sierra, chercheuse chez Sciensano.
En dehors de la phase d’avertissement, il y a eu 2 autres jours de surmortalité les 19 et 20 août, en raison d’une nouvelle augmentation des températures et des niveaux d’ozone.
Pendant et après le 2e épisode de chaleur (du 5 au 20 août inclus), on a observé en Belgique une surmortalité importante (+34,8 % ou 1 460 décès supplémentaires, en plus des 4 198 décès attendus) dans tous les groupes d’âge de la population, mais principalement dans le groupe des personnes âgées de plus de 65 ans (742 décès supplémentaires dans la tranche d’âge des plus de 85 ans et 600 décès supplémentaires dans la tranche d’âge des 65-84 ans).
Il est toutefois encore un peu trop tôt pour tirer des conclusions sur le nombre total de décès pendant tout l’été 2020. De plus, Sciensano ne dispose pas encore des causes de décès spécifiques et de ce fait, il n’est pas possible de déterminer quelles ont été les causes exactes de cette surmortalité.
Pouvons-nous comparer les vagues de chaleur de cet été à celles de 2003 ou 2006 ?
« Des records de températures ont été observés tant lors des vagues de chaleur de cet été que lors de celles des étés précédents. Il reste toutefois très difficile de comparer des périodes de chaleur entre elles parce que les circonstances peuvent être très différentes », explique Natalia Bustos Sierra.
On peut dire que le nombre de décès supplémentaires de cet épisode de chaleur d’août 2020 dépasse les estimations des décès consécutifs à l’épisode de chaleur du mois d’août 2003 (23,8 % ou 711 décès supplémentaires, en plus des 2 990 décès attendus du 2 au 13/08/2003) ou du mois de juillet 2006 (29,2 % ou 1 130 décès supplémentaires, en plus des 3 868 décès attendus du 16 au 31/07/2006).
Décès avec COVID-19
Durant la période de chaleur, le nombre de nouvelles admissions à l’hôpital pour COVID-19 poursuivait son augmentation, tandis que la hausse des décès associés au COVID-19 est restée limitée pendant et quelques jours après la période de chaleur. Le nombre de décès associés au COVID-19 reste également limité par rapport à la surmortalité. Pendant cette période, Sciensano a enregistré 128 décès par COVID-19, dont 57 % vivaient dans une maison de repos :
- 63 % de ces décès ont eu lieu à l’hôpital
- 37 % sont décédés dans une maison de repos
- 1 % sont décédés à la maison.
« Il n’est pas possible de savoir si les personnes décédées d’autres causes durant la canicule avaient eu le COVID-19 précédemment, les rendant plus vulnérables aux concentrations élevées d’ozone. Par contre, cette période de chaleur a été exceptionnellement intense et longue. Sachant que la chaleur et l’ozone restent des facteurs de risque majeurs en été, leur effet ne peut pas être minimisé », dit Natalia Bustos Sierra.
Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables aux vagues de chaleur
Les personnes âgées de plus de 65 ans sont particulièrement vulnérables aux vagues de chaleur. Elles sont en effet davantage sujettes :
- aux problèmes cardiovasculaires
- aux maladies chroniques
- à la déshydratation
- à l’irritation des voies respiratoires.
Les personnes âgées ressentent moins la chaleur environnante et la sensation de soif en raison d’un traitement moins efficace des informations par leur cerveau. Par ailleurs, le mécanisme d’évaporation de la sueur qui assure le refroidissement du corps fonctionne moins bien chez elles, compte tenu du vieillissement de leurs glandes sudoripares.
La prudence est de mise en cas de fortes températures ou de pics d’ozone
Malgré les plans de forte chaleur, une surmortalité est observée pendant les canicules. Sciensano insiste sur l’importance de bien se protéger contre l’extrême chaleur l’été prochain. Suivez à cet effet les recommandations de votre région :
- Wallonie : Agence pour une Vie de Qualité
- Bruxelles : Commission communautaire commune (Cocom)
Plus d’informations sur la qualité de l’air peuvent être trouvées sur http://www.irceline.be/
Plus d’info sur la surveillance de mortalité en Belgique (Be-MOMO)
*Surmortalité : si plus de personnes décèdent que prévu
Sur la base des années précédentes, nous pouvons estimer combien de personnes décéderont durant l’été (ce que l’on appelle les décès attendus). Si, en réalité, plus de personnes décèdent que prévu, on parle de surmortalité ou de décès supplémentaires. Ces décès supplémentaires surviennent souvent pendant (ou 1 à 3 jour(s) après) les épisodes de chaleur ou les jours avec des concentrations élevées d’ozone.