VITADEK - L’apport en vitamines liposolubles par la consommation de nourriture, d’aliments enrichis et de compléments en Belgique

Last updated on 14-12-2022 by Pierre Daubresse
Durée du projet :
septembre 1, 2014
-
août 31, 2018

En bref

Les vitamines liposolubles, à savoir les vitamines A, D, E et K jouent un rôle important dans la croissance et le développement. Un apport inadapté ou excessif de ces vitamines peut entraîner des effets néfastes pour la santé. 
Un apport inadapté peut provenir d’un régime alimentaire déséquilibré, tandis que la consommation de compléments et d’aliments enrichis en vitamines liposolubles peut présenter un risque d’apport excessif en vitamines. Cette étude évalue l’apport en vitamines liposolubles en Belgique, en tenant compte de toutes les sources, à savoir l’alimentation, les aliments enrichis et les compléments.

Description du projet

Un défi majeur de la politique nutritionnelle est de fournir à la population un niveau suffisant de micronutriments sans risque d’apport excessif. Un régime sain et équilibré est primordial pour prévenir la maladie. Les vitamines liposolubles sont des nutriments essentiels pour soutenir la croissance et le développement, le métabolisme osseux et la résistance aux maladies. Un apport inadapté ou excessif peut entraîner des effets néfastes sur la santé. 
Au cours des dernières décennies, les progrès socio-économiques ont influencé de manière négative les habitudes alimentaires dans les pays industrialisés. Les régimes riches en énergie, mais pauvres en micronutriments sont responsables d’un apport déséquilibré en nutriments et sont à l’origine de nombreuses maladies chroniques. D’un autre côté, il y a une inquiétude par rapport à un apport excessif en nutriments en raison de la consommation plus importante d’aliments enrichis et de compléments. C’est plus particulièrement le cas pour les vitamines liposolubles, étant donné que les quantités excessives sont stockées dans le tissu adipeux. 

Cette étude présente la première évaluation de l’apport en vitamines liposolubles en Belgique en tenant compte de toutes les sources :

  • l’alimentation
  • les aliments enrichis
  • les compléments.

Nous avons mené l’étude auprès de la population belge générale et de quatre sous-groupes spécifiques plus vulnérables aux effets néfastes sur la santé de ces vitamines :

  • les nourrissons
  • les tout-petits
  • les femmes enceintes
  • les femmes allaitantes.

Conception de l’étude

L’évaluation de l’apport en vitamines liposolubles requiert des données précises sur la consommation et la composition des aliments. Dans la mesure où les aliments enrichis et les compléments influencent fortement la répartition de l’apport en vitamines liposolubles, tenir compte de ces sources supplémentaires dans l’évaluation de l’apport est une condition préalable. Au début de l’étude, nous avons réalisé une étude de marché afin de dresser un inventaire de la fourniture de compléments et d’aliments enrichis en vitamine A, D, E et K disponibles sur le marché belge. Nous avons utilisé ces données pour constituer une base de données de la composition alimentaire et développer un questionnaire en ligne sur la fréquence alimentaire. Les données relatives à la consommation alimentaire de l’enquête nationale belge de consommation alimentaire ont été utilisées pour évaluer l’apport en vitamines liposolubles au sein de la population belge générale. Nous avons par ailleurs collecté des données de consommation alimentaire pour les sous-groupes spécifiques aux fins de cette étude. Les participants ont été recrutés en collaboration avec des centres de consultation de santé pédiatriques et des cliniques obstétriques belges. Nous avons collecté des données de consommation alimentaire grâce à des questionnaires de fréquence alimentaire en ligne, qui étaient adaptés aux régimes spécifiques des populations ciblées. La liste des aliments de ces questionnaires était basée sur l’inventaire de marché et le top des 90 % de groupes alimentaires qui contribuent à l’apport en vitamines liposolubles.

Résultats

Les données collectées sur la consommation alimentaire et la composition des aliments nous ont permis de calculer l’apport en vitamines liposolubles. L’apport en vitamines E et K en Belgique a été jugée approprié. Il y avait toutefois un risque d’apports inappropriés de vitamines A et D dans différents sous-groupes de la population belge :

  • un apport inadapté en vitamine A provient d’une consommation insuffisante de légumes et de produits laitiers, qui sont les principales sources alimentaires de vitamine A. 
  • un apport inadapté en vitamine D était lié à un apport restreint provenant des aliments enrichis et compléments. C’est particulièrement inquiétant lorsque la synthèse dermique induite par le soleil de la vitamine D est restreinte. 

Ces résultats ont également indiqué un risque d’apport excessif en vitamine A en raison de la consommation de (produits liés au) foie ainsi qu’un risque d’apport excessif en vitamine D lié à la consommation de compléments hautement dosés. 
L’étude a démontré que les recommandations de la politique actuelle étaient insuffisantes pour éliminer l’apport inadapté de vitamines liposolubles au sein de la population belge et protéger la population d’un apport excessif. 

Conclusions et conseils pour la politique

L’enrichissement des aliments en vitamine D au niveau national est considéré comme une stratégie efficace pour améliorer le niveau de vitamine D d’une population. Bien qu’elle soit efficace, cette stratégie d’enrichissement demande une sélection minutieuse des vecteurs alimentaires. Un modèle d’optimisation avait été développé afin de sélectionner les vecteurs alimentaires adaptés ainsi que le niveau d’enrichissement en vitamine D qui permettrait un apport optimal en vitamine D au sein de la population belge sans compromettre la sécurité. Plusieurs scénarios d’enrichissement ont été jugés adaptés pour améliorer de manière efficace l’apport en vitamine D. En considérant des aspects technologiques et réglementaires et la salubrité des vecteurs alimentaires, l’enrichissement du pain et du lait a néanmoins été considéré comme le plus optimal
Toutefois, pour optimiser le niveau de vitamine D de tous les sous-groupes de la population belge, la consommation de compléments en vitamine D sera toujours nécessaire dans les sous-groupes ayant des besoins supplémentaires (comme les personnes âgées) ou les sous-groupes ayant des schémas alimentaires différents (comme les enfants). Les résultats de cette étude mettent en avant l’importance de définir des recommandations uniformes en matière de compléments et de revoir la concentration maximale autorisée en vitamine D des compléments et aliments enrichis, en tenant compte de la stratégie d’enrichissement proposée. 
L’enrichissement en vitamine A n’est pas recommandé en raison du bénéfice restreint de l’apport en vitamine A et de la faible marge de sécurité entre l’apport recommandé et le niveau d’apport supérieur sûr. Encourager un régime sain et équilibré est considéré comme la meilleure approche pour obtenir des niveaux adaptés d’apport en vitamine A au sein de la population belge. Pour y parvenir, des actions de politique alimentaire devraient être menées pour permettre les environnements alimentaires et guider les consommateurs vers des choix alimentaires plus sains
Nous avons par ailleurs évalué les bénéfices et risques des pratiques actuelles d’enrichissement et de supplémentation. Les résultats indiquent que les recommandations actuelles en matière de suppléments n’étaient pas sûres pour protéger les consommateurs d’un apport excessif en vitamines liposolubles. Également, l’enrichissement volontaire en vitamines liposolubles étaitgénéralement appliqué à des aliments non sains. Cela accentue le besoin de revoir les recommandations actuelles en matière d’enrichissement et de supplémentation par rapport aux vitamines liposolubles. 

Chercheurs de projet de Sciensano

Les services qui travaillent sur ce projet

Partenaires

Ria Nouwen
John Van Camp
Carl Lachat
Bruno Demeulenaer

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