L’année 2021 présente moins de surmortalité que l’année 2020. Néanmoins, elle a été marquée par 3 vagues de l’épidémie de COVID-19, un épisode de chaleur très court et les inondations durant l’été qui ont donné lieu, au total, à 5 192 décès supplémentaires.
La surmortalité en 2021
Contrairement au bilan de 2020, celui de 2021 est beaucoup moins sévère avec plus de 111 000 décès observés sur l’ensemble de l’année écoulée. Sciensano estime qu’il y a eu 5 192 décès supplémentaires, soit 4,9 % en plus des 106 197 décès attendus pour 2021. A titre de comparaison, lors des années 2015 à 2019, la surmortalité s’élevait à un pourcentage moyen de 2 % par an, et pour l’année 2020, ce pourcentage d’excès de mortalité s’élevait à 17,5 %.
Figure 1 : Mortalité toutes causes confondues, mortalité COVID-19 et autres causes de mortalité, janvier 2020 à janvier 2022, Belgique
ILI : Influenza-like Illness.
Particularités liées à l’âge et au sexe
En 2021, une sous-mortalité est observée pour les personnes à partir de 85 ans avec 291 décès en moins que ce qui était attendu (-0,6 %), principalement chez les femmes de cette tranche d’âge (- 1,4 % avec 397 décès en moins qu’attendu). La surmortalité concerne particulièrement le groupe d’âge des 65-84 ans avec 4 905 décès supplémentaires (+11,1 % d’excès de mortalité) et celui des 15-64 ans avec 1 320 décès supplémentaires (+9,1 % d’excès de mortalité). Tout âge confondu, l’excès de mortalité pour les hommes (+7,9 %) a été plus élevé que celui des femmes (+3 %).
Particularités régionales
Le nombre de décès supplémentaires s’élève à 2 643 en Flandre (+4,3 %), à 2 826 en Wallonie (+7,9 %) et à 459 à Bruxelles (+5,7 %). La sous-mortalité chez les personnes à partir de 85 ans est observée en Flandre et à Bruxelles, mais pas en Wallonie. Veuillez noter que le calcul du nombre de décès attendus (qui est une estimation sur la base du modèle statistique Be-MOMO) est réalisé séparément par région et pour l’ensemble du pays. Ensuite les décès observés dans chaque entité géographique sont comparés à l’estimation de la mortalité correspondante, ce qui peut expliquer que la somme des décès supplémentaires des régions ne correspond pas aux décès supplémentaires calculés pour l’ensemble du pays.
Tableau 1 : Résumé de la surmortalité en Belgique et dans les régions, par groupe d’âge et par sexe, du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2021
Le calcul du nombre de décès attendu (estimation sur la base du modèle Be-MOMO) est réalisé séparément par région et par groupe d’âge. Ensuite les décès observés dans chaque catégorie d’âge, de sexe et de région sont comparés à l’estimation de la mortalité dans la catégorie correspondante, ce qui peut expliquer que la somme des décès supplémentaires des différentes catégories ne correspond pas au calcul des décès supplémentaires pour l’ensemble du pays ou l’ensemble de la catégorie correspondante.
La chaleur
Durant l’été 2021, la surmortalité a été très faible grâce à une météorologie favorable. La phase d’avertissement du plan chaleur n’a été activée qu’une fois sur une courte période et les températures à Uccle n’ont pas dépassé les 30°C. Entre le 16 et le 19 juin 2021, 126 décès supplémentaires ont été comptabilisés.
Les inondations
Le 16 juillet 2021, une alerte de surmortalité est observée. Elle coïncide avec les inondations qui ont touché notre pays (58 décès supplémentaires sur les 313 décès observés ce jour-là).
L’épidémie de COVID-19
En 2021, la surmortalité reste majoritairement expliquée par la poursuite de l’épidémie de COVID-19 (la fin de la 2e, la 3e, la 4e et le début de la 5e vague). En 2021 il y a eu 8 532 décès COVID-19 (contre 19 819 en 2020). Le nombre de décès supplémentaires est toutefois inférieur au nombre de décès COVID-19 total. Cela s’explique par le fait que chaque décès COVID-19 n’était pas nécessairement un décès supplémentaire, pour les raisons suivantes : (1) une partie des personnes, victimes du COVID-19, avaient un âge pour lequel on s’attendait, statistiquement, à ce qu’elles décèdent dans l’année, (2) quand le nombre de décès supplémentaires est calculé sur une longue période, comme c’est le cas sur une année calendrier, cette période inclut des périodes avec des surplus ainsi que des périodes de déficits de mortalité. La surmortalité sur une année complète est alors le résultat de la somme de ces périodes de surmortalité et de sous-mortalité.
En 2021, la surmortalité associée à la COVID-19 est principalement observée chez les personnes de moins de 85 ans lors des pics de décès de la 3e et 4e vague. La sous-mortalité parmi les personnes de plus de 84 ans est inhabituelle mais elle n’est pas surprenante compte tenu de la surmortalité importante dans ce groupe d’âge lors des deux premières vagues de l’épidémie de COVID-19 en 2020 et du fait qu’il y a eu moins de décès COVID-19 observés dans ce groupe d’âge en 2021 par rapport aux 65-84 ans.
Tableau 2 : Nombre de décès COVID-19 en Belgique par groupe d’âge et par sexe, 2020 et 2021
* Ces nombres incluent les décès COVID-19 avec des informations manquantes sur le sexe ou l’âge
Figure 2 : Mortalité toutes causes confondues, mortalité COVID-19 et autres causes de mortalité, par groupe d’âge, janvier 2020 à janvier 2022, Belgique
Le poids de la COVID-19 sur l’ensemble des décès
En 2021, environ 7 % des décès survenus en Belgique était dû à la COVID-19 (contre 16 % en 2020). Le pourcentage hebdomadaire avait atteint 13 % (tous les âges confondus) durant la 3e et 4e vague, contre 46 % et 39% durant la 1re et 2e vague de l’épidémie en 2020.
Figure 3 : Proportion hebdomadaire des décès COVID-19 par rapport à la mortalité toutes causes confondues, par groupe d’âge, mars 2020 à janvier 2022, Belgique
Statbel, l’office belge de statistique, vient également de publier les chiffres détaillés de la mortalité en 2021. Ils sont désormais disponibles via leur site web. De légères variations peuvent exister entre les chiffres présentés par Statbel et ceux présentés par Sciensano via le modèle Be-MOMO (Belgian Mortality Monitoring). Cela s’explique par des différences méthodologiques, telles que le fait que Be-MOMO n’inclut pas les décès survenus à l’étranger, ou que les deux modèles utilisent des années ou des pondérations différentes pour calculer le nombre de décès attendus.
Vous trouverez plus d’information sur la surmortalité dans le rapport Sciensano sur la surmortalité durant la 1re et 2e vague de l’épidémie de COVID-19 en Belgique, sur epistat et dans les rapports épidémiologiques hebdomadaires COVID-19.
Suite à la surmortalité importante en 2020, le modèle calculant la mortalité attendue de Be-MOMO a été adapté le 14 juin 2021. Vous trouverez plus de précisions concernant l’adaptation du modèle dans ce document.
Analyses fondées sur l’extraction du 22 janvier 2022 pour les données de mortalité toutes causes confondues provenant du Registre national et du 21 janvier 2022 pour les données de mortalité COVID-19.