Le moustique tigre, une espèce invasive susceptible de transmettre des virus, progresse de manière inquiétante en Belgique. En 2023, l’Institut de médecine tropicale (IMT) d’Anvers et Sciensano ont enregistré la présence de ce moustique à deux fois plus d’endroits qu’en 2022. La plateforme de science citoyenne SurveillanceMoustiques joue un rôle important à cet égard et a enregistré pour la première fois des signalements positifs à Bruxelles et en Wallonie.
L’année dernière, des moustiques tigres ont été détectés sur 25 sites en Belgique, dont 18 ont été signalés par des citoyens et 7 détectés par la surveillance des parkings d’autoroute. C’est deux fois plus qu’en 2022 (12 sites). Le moustique a de nouveau été repéré à Lebbeke et à Wilrijk, ce qui indique que cette espèce hiverne dans ces municipalités. Alors que le moustique tigre poursuit son expansion vers le nord de l’Europe, la Belgique est confrontée à un problème croissant d’introduction de moustiques par le trafic routier, tant par des vacanciers rentrant chez eux que par des cargaisons en provenance du sud. La présence d’œufs de moustiques tigres dans les pièges placés le long de 7 des 8 parkings d’autoroute surveillés l’été dernier renforce cette préoccupation.
Sur le front de l’invasion
En dehors de la Belgique, le moustique tigre s’est établi dans plusieurs pays européens, entraînant des cas de transmission locale de la dengue et du chikungunya en France et en Italie. Cette transmission locale du virus par le moustique tigre souligne l’urgence de prendre des mesures supplémentaires immédiates afin de ralentir la propagation de cette espèce de moustique en Belgique.
Bien que le risque de transmission de virus reste faible à ce jour, Isra Deblauwe, entomologiste à l’IMT, prévient que la présence croissante du moustique tigre augmente ce risque. ‹Nous pensons que la tendance à la hausse du nombre de moustiques tigres va se poursuivre et que de nombreux nouveaux sites seront recensés positifs l’année prochaine. Il est important de retarder leur implantation et leur propagation le plus longtemps possible et de se préparer à l’avenir.›
Le rôle important des citoyens
Les citoyens ont clairement contribué à la détection de nouveaux sites : ‹Entre mai et octobre 2023, nous avons identifié 27 moustiques tigres après avoir examiné 600 notifications photographiques de citoyens›, explique Javiera Rebolledo, épidémiologiste chez Sciensano. ‹Les signalements positifs étaient répartis sur 18 sites dont 15 étaient nouveaux par rapport à 2022. Lors des inspections sur le terrain, la présence du moustique tigre a pu être confirmée pour la plupart des sites. Toutefois, cela n’exclut pas une possible présence du moustique sur les sites où nous ne l’avons pas trouvé. Une vigilance accrue sur ces sites sera nécessaire au cours de la prochaine saison du moustique tigre.›
L’IMT et Sciensano lancent un appel à l’action pour retarder l’implantation et la propagation du moustique tigre en Belgique afin de retarder le plus possible la transmission locale de maladies potentiellement graves. La contribution active des citoyens est essentielle à cet égard. Pendant l’hiver, les citoyens peuvent aider en nettoyant et en vidant soigneusement les surfaces d’eau stagnante artificielles, tel que les tonneaux d’eau de pluie, les pots de fleurs et les gouttières afin d’éliminer les œufs collés sur les parois. À partir du mois de mai, au début de la saison des moustiques, il est également essentiel d’éliminer régulièrement l’eau stagnante des terrasses et des jardins. En effet, ce sont des lieux de reproduction du moustique tigre. Enfin, Sciensano et l’IMT continuent d’encourager les citoyens à signaler les moustiques tigres potentiels via le site web et l’application SurveillanceMoustiques (disponible sur Android et Apple) à partir du mois de mai.
Le projet MEMO+ est une collaboration entre Sciensano, l’Institut de médecine tropicale (IMT) et le ‘Barcoding Facility for Organisms and Tissues of Policy Concern’ (BopCo au Musée royal de l’Afrique centrale et à l’Institut Royal des Sciences Naturelles De Belgique) pour l’identification moléculaire de moustiques exotiques. Ce projet est financé par le Fédéral et les Entités Fédérées pour l’Environnement et pour la Santé via le Plan National d’Action Environnement-Santé (NEHAP).