La désertisation et la marécagisation du milieu alimentaire flamand

Publié le : 
Mercredi, 26 avril 2023
Last updated on 26-4-2023 by Wesley Van Dessel

La Flandre compte de plus en plus de régions qui connaissent une surabondance en alimentation mauvaise pour la santé (marais alimentaires). Ailleurs, c’est la disponibilité d’une alimentation saine qui constitue en revanche un problème (déserts alimentaires). Il devient dès lors de plus en plus difficile d’adopter de bonnes habitudes alimentaires en Flandre.

Marais alimentaires et déserts alimentaires

Ce que nous mangeons est en grande partie influencé par l’offre en alimentation dans notre cadre de vie, ce que l’on appelle notre « milieu alimentaire ». Et il a fortement changé au cours des dernières décennies.

La Flandre connaît une forte densité en supermarchés. De ce fait, le nombre de déserts alimentaires – les régions où il est difficile de trouver toutes les denrées alimentaires nécessaires à un modèle alimentaire sain – est relativement peu élevé en Flandre. Pourtant, le nombre de déserts alimentaires dans les quartiers résidentiels où habitent relativement beaucoup de personnes âgées, a augmenté entre 2008 et 2020. En 2020, 2,8% de la population habitait dans ces régions. Les personnes âgées sont plus souvent confrontées à des limitations de leur mobilité, rendant plus difficile leur accès à une alimentation saine. Le vieillissement grandissant pourrait renforcer cette tendance dans les années à venir.

De plus en plus de régions sont devenues des marais alimentaires, des régions connaissant une surabondance d’aliments mauvais pour la santé comparativement aux aliments sains. Les marais alimentaires sont désormais partout présents en Flandre. En 2020, 88,2% de la population vivait dans une région où les points de vente « mauvais pour la santé » étaient en majorité. Cela correspond à 74% du territoire résidentiel de la Flandre.

De ce fait, la tentation est forte de choisir les options alimentaires malsaines plutôt que les saines”, explique Vincent Smets de Sciensano, qui a réalisé l’étude. “De plus, les effets d’un milieu alimentaire malsain jouent surtout en défaveur des personnes âgées, des jeunes et des ménages à faible revenu. Ils sont donc plus vulnérables.

Politique alimentaire

Pour permettre à la population d’effectuer des choix meilleurs pour la santé et d’adopter un style de vie plus sain, des actions sont nécessaires pour améliorer notre milieu alimentaire.

Tant l’expansion des marais alimentaires malsains que le fait que de plus en plus de personnes âgées menacent de se retrouver dans un désert alimentaire, nous inquiètent”, affirme Vincent Smets. “Des interventions visant à améliorer structurellement le milieu alimentaire flamand s’imposent donc. Et dans ce cadre, les groupes les plus fragiles méritent certainement toute l’attention“.

A cet effet, un cadre clairement réglementaire est nécessaire, qui permette des actions visant à améliorer le milieu alimentaire et qui explicite les compétences aux différents niveaux de pouvoir.  

Dans l’attente, les autorités locales peuvent toutefois déjà prendre elles-mêmes des mesures à petite échelle, comme sensibiliser davantage la population aux environnements alimentaires, tenir compte de l’impact sur le milieu alimentaire de l’octroi de permis d’environnement, et collaborer avec les initiatives de circuits courts pour la promotion de l’alimentation saine disponible localement. Sur la base de nos données, le Vlaams Instituut Gezond Leven (Institut flamand pour une vie saine) va également entamer un projet pour se faire une image plus claire des quartiers vulnérables et pour mettre en place des actions locales visant à améliorer la situation.

Une étude qui cartographierait les possibilités et les obstacles de la réglementation existante serait un bon point de départ”, affirme Stefanie Vandevijvere, scientifique chez Sciensano. “Une telle étude existe déjà aux Pays-Bas, avec des recommandations adéquates pour les décideurs politiques. Cette étude a récemment donné lieu à un nouveau cadre réglementaire qui permettra aux autorités locales de limiter le nombre de restaurants fast-food sur leur territoire.

Plus d’infos sur l’étude de Sciensano

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