En 2017, 8 500 morsures ont été rapportées sur l’ensemble du territoire national, soit une baisse de 17 % comparé à 2016. La répartition du nombre de morsures s’est avérée comparable à l’an dernier, avec des notifications plus nombreuses en Flandre (58,3 %) qu’en Wallonie (40,5 %) et que dans la Région de Bruxelles-Capitale (1,2 %). En 2017, le centre fédéral de recherche Sciensano (ancien Institut scientifique de Santé publique) invitait les citoyens mordus par une tique à lui envoyer, entre le 1er avril et le 31 octobre, le ou les spécimens incriminés, en vue de leur analyse en laboratoire pour l’identification de plusieurs pathogènes. Cet appel à participation a connu un énorme succès : plus de 3 700 spécimens ont été collectés et 1 600 tiques provenant de toutes les provinces du pays ont pu être analysées.
Une des plus larges études sur les tiques réalisées à ce jour en Belgique
Les tiques peuvent être infectées par plusieurs pathogènes, dont celui responsable de la maladie de Lyme, et ceux-ci peuvent être transmis à l’homme en cas de morsure. Sciensano publie aujourd’hui les résultats d’une étude à l’échelle nationale, menée en collaboration avec l’AVIQ, l’agence flamande ‘Zorg en Gezondheid’ et le RIVM aux Pays-Bas.
3 750 spécimens envoyés et 1 600 tiques analysées
L’appel à participation lancé en 2017 a connu un énorme succès : plus de 3 750 spécimens ont été envoyés par des citoyens. La plupart des tiques ont été collectées en juin et juillet, ce qui correspond à une fréquentation accrue des zones de nature (beau temps et/ou vacances). La procédure pour l’envoi des tiques n’a cependant pas toujours été suivie à la lettre : environ 340 tiques ont été prélevées sur des animaux (hors étude) et 820 ont été envoyées sans avoir répondu au questionnaire obligatoire.
Au final, 1 599 tiques ayant mordu des humains et dont l’état de conservation permettait l’identification de leur stade de développement ont pu être analysées en laboratoire. Les tiques ont été collectées dans toute la Belgique, avec un plus nombre plus élevé dans les provinces d’Anvers, du Limbourg et du Brabant flamand.
Espèces et stades de développement
Conformément à d’autres études de moindre ampleur réalisées en Belgique ou à l’étranger, l’analyse microscopique des spécimens a révélé que 99 % des tiques analysées appartenaient à l’espèce Ixodes ricinus (appelée aussi tique du mouton). Environ 1 220 d’entre elles étaient à l’état de nymphe (81 %), 240 étaient des femelles au stade adulte (16 %) et 40 des males au stade adulte (3%). Bien que peu souvent infectées par un pathogène, 80 larves environ ont également été inclues dans l’étude.
14 % des tiques en Belgique infectées par la bactérie responsable de la maladie de Lyme
En moyenne 14 % des tiques étaient infectées par Borrelia burgdorferi sensu lato (s.l.), la bactérie pouvant causer la borréliose de Lyme. Dans certaines provinces, le nombre de tiques analysées était peu élevé. Par conséquent, il est difficile d’effectuer des comparaisons entre provinces, et aucune conclusion probante ne peut être tirée à ce sujet. Il est donc recommandé de ne considérer que les données au niveau national et régional (Wallonie et Flandre). Néanmoins, des tiques infectées ayant été trouvées dans toutes les provinces du pays, la borréliose de Lyme peut potentiellement être contractée partout en Belgique.
Les tiques adultes (20 %) étaient plus souvent infectées que les nymphes (12 %). Les tiques au stade adulte s’étant déjà nourries une fois supplémentaire du sang d’un hôte, leur risque de contamination par la bactérie est en effet accru. Pour autant, les nymphes étant de plus petite taille, leurs morsures sont souvent identifiées plus tardivement, ce qui augmente la probabilité de transmission de la bactérie Borrelia à l’homme.
Les autres pathogènes transmis par les tiques étudiés ont été trouvés chez 1,5 à 2,8 % des tiques, excepté Rickettsia helvetica (dont le potentiel pathogène n’est pas encore clair), qui a été identifié chez 7 % des tiques. Après une morsure de tique, les médecins doivent donc être attentifs à des symptômes éventuels (fièvre, syndrome grippale, etc.) et envisager d’autres agents pathogènes que celui responsable la borréliose de Lyme.
Surveillance des morsures de tiques en Belgique : données TiquesNet 2017
Morsures sur des individus isolés : incidence et répartition géographique
Sur la base de notifications effectuées bénévolement par des citoyens, le site internet et l’application pour smartphone ‘TiquesNet’ du centre fédéral de recherche Sciensano donnent un aperçu, dans le temps et l’espace, du risque lié aux morsures de tiques en Belgique. Le nombre de morsures signalées était plus élevé en Flandre qu’en Wallonie. Toutefois, pour déterminer les zones géographiques les plus à risque, le nombre de morsures doit être rapporté au nombre d’habitants de chaque province, car la population n’est pas répartie de manière homogène sur le territoire national.
L’incidence, c’est-à-dire le nombre de morsures rapporté à 100 000 habitants, a été la plus élevée en province de Luxembourg (205/100 000 habitants). Viennent ensuite les provinces du Brabant wallon (189/100 000), de Namur (143/100 000) et du Limbourg (141/100 000). Rapportée au niveau régional, l’incidence des morsures de tiques s’est avérée plus élevée en Wallonie (96/100 000) qu’en Flandre (76/100 000).
Évolution du nombre de morsures sur des individus isolés
Chez une majorité des victimes, la morsure a lieu dans la région d’habitation, dans un rayon de 10 kilomètres autour du domicile. Les morsures sont généralement associées à des activités de loisir pratiquées au jardin ou en forêt. La plupart des morsures ont été signalées entre mars et octobre, les chiffres progressant particulièrement en mai, juin et juillet. Le pic déjà observé en juin 2016 est à nouveau visible en 2017. En comparaison avec l’année 2016, 17 % de morsures en moins ont été enregistrées en 2017. Cette baisse est probablement imputable aux conditions climatiques. En mai et juin 2017, la température moyenne a été anormalement élevée. En juin, la vitesse du vent a, en outre, été particulièrement forte (source : IRM). Ces deux facteurs ont une influence négative sur l’activité et la survie des tiques.