Ce rapport présente les résultats du troisième audit réalisé dans les cliniques du pied diabétique agréées en Belgique (ci-après dénommées « centres »). Pour cet audit, ont été collectées des données relatives à quelque 1.600 patients uniques qui se sont présentés dans l’un des 32 centres participants pour une lésion diabétique du pied de degré égal ou supérieur à 2 selon la classification de Wagner et/ou un pied de Charcot actif. Les données recueillies portaient sur les caractéristiques lors de la première consultation, ainsi que sur les soins prodigués et les résultats obtenus sur une période de six mois. À l’issue de cet audit, les centres ont obtenu un rapport de feedback, leur permettant de comparer leurs résultats avec ceux des autres centres pour plusieurs indicateurs de qualité (benchmarking).
On peut retenir les résultats suivants :
- Les patients enregistrés avaient un âge médian de 68 ans et souffraient d’un diabète depuis une durée médiane de 14 ans. Plus d’un tiers des patients présentaient des antécédents cardiovasculaires ou rénaux. En ce qui concerne les 1.584 lésions profondes étudiées, 57% s’accompagnaient d’une ischémie, 75% étaient infectées et 86% étaient associées à une perte de la sensibilité de protection.
- Chez 78% des patients présentant une lésion au pied, une forme de mise en décharge a été pratiquée.
- Chez 70% des patients, un diagnostic vasculaire invasif et/ou non invasif a été posé ; chez les patients présentant une ischémie critique, ce pourcentage était plus élevé.
- Chez 26% des patients, une revascularisation a été réalisée ; ce chiffre atteignit 73% pour les patients présentant une ischémie critique.
- 56% des lésions étaient guéries au cours de la période de suivi de maximum 7 mois. La guérison a été précédée d’une amputation mineure dans 21% des cas. La durée médiane de guérison était de 4,6 mois. Il s’est avéré que la durée de la lésion au moment de la première consultation jouait un rôle déterminant.
- Des amputations majeures ont été réalisées dans 4% des cas et un décès est intervenu dans 5% des cas au cours de la période de suivi de maximum 7 mois.
- Des chaussures adaptées ont été prescrites à 64% des patients, une fois leur lésion guérie.
- Le recours à la mise en décharge et la prescription de chaussures spécifiques variaient considérablement d’un centre à un autre.
- 43 des patients enregistrés souffraient d’un pied de Charcot actif. Une immobilisation jusqu’au genou a été imposée dans presque tous les cas. Trois quarts des pieds se sont refroidis après une durée d’immobilisation médiane de 4 mois.
On peut tirer les conclusions suivantes :
- La collecte des données s’est déroulée sans heurts, même dans les centres qui participaient pour la première fois.
- La population étudiée souffrait de nombreuses comorbidités rendant le traitement difficile.
- Les chiffres relatifs à la mise en décharge, au diagnostic vasculaire et à la revascularisation sont encourageants et sont dans la lignée de ceux obtenus dans le cadre de l’étude Eurodiale.
- Les résultats sont également bons en comparaison avec des études internationales qui prennent aussi en compte les lésions moins sévères (superficielles).
- Les résultats sont semblables à ceux des deux précédents audits, même si la comparaison est parfois rendue difficile en raison de différences méthodologiques.
- La grande variation d’un centre à un autre en matière de mise en décharge et de prescription de chaussures adaptées montre qu’il existe encore une marge d’amélioration dans certains centres. Une enquête supplémentaire pourrait permettre d’identifier les obstacles au recours à ces méthodes.
- Les données relatives aux caractéristiques, au traitement et à la résolution des pieds de Charcot actifs sont limitées. Aucune conclusion solide ne peut donc être tirée. La faisabilité d’une collecte de données spécifiquement consacrée à cette pathologie est en cours d’examen.
- La méthodologie et les résultats de ce projet unique doivent encore davantage être portés à la connaissance de la communauté internationale du « pied diabétique », afin que d’autres pays puissent profiter des expériences acquises en vue de mettre sur pied leurs propres initiatives de promotion de la qualité des soins.