L'objectif de cette étude est d'examiner comment la santé mentale des usagers de drogues (UD) a évolué pendant la crise COVID-19 durant trois périodes différentes (avril 2020, novembre 2020 et mars 2021). En outre, nous regarderons si cette évolution était différente de celle dans la population générale. A cette fin, les résultats de l'enquête Drogues & COVID-19 (UD) et de l'enquête de santé COVID-19 (population générale), toutes deux réalisées par Sciensano, ont été utilisés.
Les échelles suivantes ont été choisies comme indicateurs de la santé mentale : GAD-7 (anxiété), PHQ-9 (dépression) et l'échelle de solitude de De Jong Gierveld.
Les résultats montrent que la crise du COVID-19 a un fort impact sur la santé mentale, tant au sein de la population générale que du groupe cible spécifique des UD. En outre, l'augmentation de l'anxiété et de la dépression au fil du temps semble plus forte chez les UD.
· En avril 2020, au début de la crise du COVID-19, il n'y avait pas de différence significative dans la prévalence de l'anxiété et de la dépression entre la population générale et le groupe des UD.
· Après 6 mois (octobre-novembre 2020), la probabilité de présenter des symptômes d'anxiété était 60% plus élevée pour le groupe des UD par rapport à la population générale. La probabilité de présenter des symptômes de dépression était deux fois plus élevée chez les UD que dans la population générale.
· En mars 2021 également, la probabilité de présenter des symptômes d'anxiété et de dépression était significativement plus élevée (39% et 45% respectivement) dans le groupe des UD par rapport à la population générale.
Au sein des deux populations, les personnes les plus vulnérables aux troubles anxieux et dépressifs et qui nécessitent une attention particulière sont les femmes et les personnes qui n'ont pas d'emploi rémunéré. Les personnes peu qualifiées, les personnes vivant seules (dans la population générale et dans le groupe des usagers de cannabis uniquement) et les étudiants (dans la population générale et dans le groupe des usagers de stimulants) constituent également un groupe à risque. Enfin, les jeunes ont un risque accru de présenter à la fois des symptômes d'anxiété et de dépression dans la population générale, et un risque accru de présenter des symptômes de dépression chez les UD.