L’année 2022 est marquée par cinq vagues épidémiques de COVID-19, un été très chaud et deux débuts d’épidémie de grippe. Une surmortalité de 5,1 % est observée avec 5 612 décès supplémentaires, et un pic important de surmortalité durant le mois de décembre.
Update 01/02/2023 : correction dans la dernière phrase du 1e paragraphe
La surmortalité en 2022
Sur l’ensemble de l’année 2022, le modèle Be-MOMO (The Belgian Mortality Monitoring) estime à 5 612 le nombre de décès supplémentaires (5,1 % d’excès de mortalité) sur les 115 436 décès observés. La surmortalité touche comme habituellement davantage les personnes âgées, et plus particulièrement les femmes à partir de 85 ans. La surmortalité s’est concentrée pendant les différentes vagues épidémiques de COVID-19, durant la période estivale, et pendant les épidémies de grippe et bronchiolite. Le mois de décembre montre un pic de surmortalité important. Il y a eu notamment plus de 3 000 décès en semaine 51 (27 % d’excès de mortalité, 641 décès supplémentaires). Une mortalité de cette ampleur a été observée pour la dernière fois durant les deux premières vagues de l’épidémie de COVID-19 et pendant l’épidémie de grippe et la vague de froid de mars 2018.
Figure 1. Mortalité toutes causes confondues, mortalité COVID-19 et autres causes de mortalité, janvier 2020 à janvier 2023, Belgique
Les particularités régionales
La surmortalité s’observe dans chacune des régions. C’est à Bruxelles, chez les femmes à partir de 85 ans, que l’excès de mortalité a été le plus élevé (15,4 %). Le pic de surmortalité au mois de décembre est davantage marqué en Flandre avec un nombre journalier maximum de décès (285 décès le 23 décembre 2022) qui dépasse le pic observé durant la deuxième vague de COVID-19 (282 décès le 7 novembre 2020).
Tableau 1. Résumé de la surmortalité en Belgique et par région de résidence, par groupe d’âge et par sexe, du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2022
Le calcul du nombre de décès attendu (estimation sur la base du modèle Be-MOMO) est réalisé séparément par région et par groupe d’âge. Ensuite les décès observés dans chaque catégorie d’âge, de sexe et de région sont comparés à l’estimation de la mortalité dans la catégorie correspondante, ce qui peut expliquer que la somme des décès supplémentaires des différentes catégories ne correspond pas au calcul des décès supplémentaires pour l’ensemble du pays ou l’ensemble de la catégorie correspondante.
L’épidémie de COVID-19
Cinq vagues de l’épidémie de COVID-19 furent présentes en 2022 :
- la fin de la 5e vague (du 27 décembre 2021 au 27 février 2022),
- la 6e vague (28 février au 29 mai) concomitante de l’épidémie de grippe,
- la 7e vague (30 mai au 11 septembre) durant la période estivale,
- la 8e vague (12 septembre au 20 novembre)
- le début de la 9e vague (à partir du 21 novembre) coïncidant avec une 2e épidémie de grippe et de VRS (virus respiratoire syncytial).
De la surmortalité fut observée à chacune de ces vagues épidémiques pour tous les âges, à l’échelle du pays, même si le niveau d’intensité a été plus faible qu’en 2020. En 2022, la vague 7, coïncidant avec la période estivale, a présenté un grand nombre de décès supplémentaires, suivie de la vague 9 qui est toujours en cours à la date de publication de ce communiqué (données jusqu’au 16 janvier 2023) (Tableau 2).
Le nombre de décès associés à la COVID-19 est en nette diminution par rapport aux deux années précédentes (4 981 décès en 2022, 8 564 en 2021, 19 837 en 2020).
Tableau 2. Résumé de la surmortalité pour les vagues 5 à 9 de l’épidémie de COVID-19
La chaleur
La période estivale 2022 a été particulièrement chaude et a été marquée par 4 activations de la phase d’avertissement du plan Forte chaleur et pics d’ozone. Durant cette période estivale (16 mai au 9 octobre), la surmortalité a été importante avec 2 312 décès supplémentaires (5,8 % d’excès de mortalité) (Tableau 3). Plus d’informations à ce sujet dans le communiqué de presse du 16 novembre 2022.
Tableau 3. La surmortalité en Belgique durant la période estivale du 16 mai au 9 octobre 2022
Les épidémies de grippe et de bronchiolite
L’année 2022 a été marquée par deux épidémies de grippe qui furent plus rapprochées que d’habitude. Durant la première épidémie, qui dura six semaines (du 7 mars au 17 avril), nous avons observé 1 198 décès supplémentaires (8,9 % d’excès de mortalité). Cette première épidémie débuta assez tard dans la saison hivernale 2021-2022 et présenta une surmortalité modérée. Tandis qu’un nouvel épisode de grippe débuta très tôt dans la saison hivernale 2022-2023, le 12 décembre, et est toujours en cours à la date de publication de ce communiqué. Ce dernier épisode coïncide avec une augmentation des infections respiratoires, à partir de mi-novembre pour le VRS (virus respiratoire syncytial) et du 5 décembre pour la COVID-19 (voir le bulletin hebdomadaire sur les infections aiguës des voies respiratoires pour plus d’informations). La surmortalité du 12 au 31 décembre est de 1 319 décès supplémentaires (19,5 % d’excès de mortalité).
La surmortalité qui débuta en décembre 2022, s’observe également au niveau européen (https://www.euromomo.eu/). Dans notre pays, nous observions en fin d’année une combinaison de plusieurs facteurs de risque : au-delà des maladies respiratoires mentionnées ci-dessus, les températures minimales à Uccle sont passées en dessous de 0 °C sur une dizaine de jours (8 au 18 décembre). Les concentrations moyennes de particules fines (PM2.5) sur 24 heures ont dépassé le seuil d’information européen (> 35 µg/m3) du 15 au 18 décembre et le seuil de l’OMS (> 15 µg/m3) du 12 au 18 décembre.
Figure 2. La surmortalité pour l’ensemble de la population et par groupes d’âge, les concentrations en particules fines PM2.5 (maximum journalier) et les températures, janvier 2022 à janvier 2023, Belgique.
Comment lire ce graphique ? Quand le nombre de décès par jour (ligne orange) dépasse les limites supérieures ou inférieures des décès prévus par la modélisation (limite sup/inf décès prévus), il y a une surmortalité ou une sous-mortalité statistiquement significative dans ce groupe d’âge.
L’historique de la surmortalité par année
Alors que la surmortalité en 2020 demeure exceptionnellement élevée, en 2022 elle est légèrement plus importante qu’en 2021 (5,1 % contre 4,9 %) (Tableau 4). Nous observons des disparités régionales, avec une augmentation relative de la surmortalité en 2022 en Flandre, alors qu’en Wallonie et à Bruxelles elle a diminué.
Tableau 4. La surmortalité en Belgique et par région de résidence de 2018 à 2022
Statbel, l’office belge de statistique, vient également de publier les chiffres détaillés de la mortalité en 2022. Ils sont désormais disponibles via leur site web. De légères variations peuvent exister entre les chiffres présentés par Statbel et ceux présentés par Sciensano via le modèle Be-MOMO (Belgian Mortality Monitoring). Cela s’explique par des différences méthodologiques, telles que l’exclusion des décès survenus à l’étranger, ou encore une pondération différente utilisée dans les deux modèles pour calculer le nombre de décès attendus.
Vous trouverez plus d’information sur la surmortalité sur epistat et dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire sur la COVID-19.
Analyses fondées sur l’extraction du 21 janvier 2023 pour les données de mortalité toutes causes confondues provenant du Registre national et du 23 janvier 2022 pour les données de mortalité COVID-19.