En bref
L’étude Nucabel a été réalisée à la demande du ministère belge des Affaires sociales et de la Santé publique. Cette étude épidémiologique menée à l’échelle nationale porte sur les risques potentiels pour la santé, plus particulièrement de cancer, potentiellement encourus par les personnes vivant à proximité de sites nucléaires belges.
Description du projet
L’existence de risques potentiels pour la santé associés au fait de vivre à proximité de sites nucléaires est une question d’intérêt public depuis plusieurs décennies. Cette question a été relancée par la publication d’une étude allemande ayant reporté une incidence (nombre de nouveaux cas de cancer apparus pour 100 000 personnes par an) plus élevée des leucémies infantiles à proximité de centrales nucléaires allemandes . L’incident radiologique survenu à l’Institut National des Radioéléments à Fleurus en 2008 a renforcé l’inquiétude du public. C’est la raison pour laquelle la ministre belge des Affaires sociales et de la Santé publique a demandé la réalisation d’une étude épidémiologique nationale, afin de procéder à un premier examen des éventuels risques sanitaires associés au fait de vivre à proximité de sites nucléaires.
Plus spécifiquement, l’objectif était de déterminer si l’incidence de cancers est plus élevée dans la population résidant à proximité des sites nucléaires belges par rapport à la population belge. L’étude a également pour objet d’analyser le lien entre l’apparition d’un cancer et différents indicateurs indirects :
- distance
- fréquence et sens du vent
- estimation de rejets radioactifs hypothétiques.
L’étude Nucabel 1 a été réalisée au niveau géographique des communes. Aucune augmentation de l’incidence des leucémies de l’enfant n’avait été observée à proximité des centrales nucléaires belges de Doel et de Tihange ou du site nucléaire de Fleurus. L’incidence des leucémies de l’enfant était légèrement plus élevée qu’attendue à proximité du site de Mol-Dessel mais cette observation était basée sur un très petit nombre de cas.
Le Parlement Fédéral Belge a demandé la réalisation de Nucabel 2, une étude complémentaire faisant suite à l’étude précédente. L’étude s’appuie sur des données à une échelle géographique plus fine, c’est-à-dire les secteurs statistiques qui sont des subdivisions de communes. Cela permet de réaliser des analyses plus précises.
Plus-value pour la santé publique
Evaluation des risques possibles pour la santé et plus particulièrement du risque de cancer pour la population vivant à proximité des sites nucléaires belges.
Plus-value scientifique
Acquisition de nouvelles connaissances, communication aux autorités et au public dans le domaine du risque de cancer et de l’exposition aux radiations.
Résultats
Les résultats de l’étude Nucabel 2 confirment que l’incidence des leucémies de l’enfant autour des centrales nucléaires de Doel et Tihange et du site nucléaire de Fleurus n’est pas plus élevée qu’ailleurs en Belgique. Pour ces 3 sites, le zoom sur les 20 km autour des sites ne montre pas d’augmentation du nombre de cas de leucémies infantiles lorsque l’exposition augmente.
Dans le proche voisinage de Mol-Dessel (< 5 km), on observe une incidence 3 fois plus élevée qu’en Belgique et les résultats sont statistiquement significatifs. Le nombre de cas observés reste néanmoins faible. Le zoom sur les 20 km autour du site suggère une augmentation du nombre de cas de leucémies de l’enfant lorsque l’exposition augmente.
! Rappelons que les résultats de cette étude ne permettent pas d’établir de lien causal entre l’apparition de cas de cancer et la proximité du site de Mol-Dessel. D’autres facteurs peuvent jouer un rôle, y compris des facteurs environnementaux autres que les radiations. De plus, comme cette étude est réalisée au niveau de groupes de populations, elle ne tient pas compte des spécificités individuelles, prédispositions génétiques et autres expositions éventuelles telles qu’une exposition aux radiations pour des raisons médicales ou autres expositions environnementales.
Si l’on observe plus de cas de leucémies de l’enfant dans le voisinage de Mol-Dessel, ce nombre reste néanmoins faible. La leucémie de l’enfant est une maladie rare et un enfant a très peu de risques de développer ce cancer. Cette maladie est connue pour pouvoir être induite par l’exposition aux radiations à fortes doses. D’autres causes sont également suspectées mais il faut noter qu’une grande part des cas de leucémie de l’enfant ne peut s’expliquer. En outre, l’attention est attirée sur le bon taux de guérison pour cette maladie en général, et sur le fait que la Belgique dispose des meilleurs traitements disponibles.
Recommendations
Dans le cadre d’un meilleur suivi et d’une meilleure surveillance, nous recommandons :
- des efforts supplémentaires pour enregistrer l’incidence de la leucémie chez les enfants, et l’inclusion des possibles facteurs de risque dans l’enregistrement,
- une meilleure liaison entre les bases de données regroupant des données de santé et celles regroupant des données environnementales.
Dans le cadre de la prévention de la leucémie chez l’enfant, il a été recommandé par le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) d’éviter l’exposition excessive aux radiations ionisantes pour raisons médicales, aux pesticides, que ce soit pour les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes ainsi que pour leurs partenaires s’ils nourrissent un projet parental. Il est aussi fortement conseillé de s’abstenir de fumer et de boire, en particulier si l’on souhaite procréer, ainsi que durant la grossesse. Le CSS recommande également de renforcer la stimulation immunitaire des enfants par l’allaitement et la fréquentation d’une garderie dès le plus jeune âge.
De plus amples informations sur cette étude sont disponibles dans le NUCABEL 2B rapport ci-dessous.
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