Sciensano & Influenza aviaire

Last updated on 14-4-2020 by Pierre Daubresse

Sciensano est le laboratoire national belge de référence (LNR) pour l’influenza aviaire. Face à ce virus fort contagieux et susceptible de provoquer des épidémies mortelles chez les oiseaux, nous participons à la surveillance active et passive de nos élevages belges et développons des outils pour diagnostiquer rapidement et efficacement la maladie et ainsi lutter contre son expansion.

Situation de crise | l’importance de s’y préparer à travers des épisodes marquants

La grippe aviaire représente une menace considérable pour l’industrie des volailles, avec un énorme impact économique.

Le virus HP H5N1 en Asie à partir de 2001 : un évènement sans précédent
L’apparition et la circulation du virus HP H5N1 en Asie a été un évènement sans précédent dans l’histoire de la grippe, en raison de :

  • sa distribution et son caractère endémique très importants
  • sa virulence particulièrement élevée
  • son spectre de susceptibilité pour d’ autres espèces hôtes, tels que les mammifères.

Le manque de systèmes d’alerte anticipée et de contrôle rapide dans les pays asiatiques a permis au virus de circuler et d’évoluer conduisant à :

  • une augmentation de sa virulence
  • l’adaptation à de nouveaux hôtes ( les oiseaux d’eau et les mammifères principalement), et s’accompagnant dès lors d’un risque zoonotique.

Dans ce contexte, chaque mouvement peut devenir un facteur de risque élevé (commerce, transport, migration…).

Après la mondialisation du virus influenza aviaire hautement pathogène HPAI H5N8, réassorti du virus HP H5N1, en hiver 2014-2015, la situation épidémiologique des HPAIs, et en particulier du HP H5N8, a encore évolué.

Le virus HP H5N8 de portée mondiale durant l’hiver 2016-17

La crise de l’hiver 2016-2017 (HP H5N8) a été exceptionnelle, et ce pour plusieurs raisons :

  • sa répartition géographique, touchant 29 pays d’Europe, ainsi que l’Afrique
  • sa virulence accrue chez les oiseaux sauvages et son plus large spectre d’hôtes aviaires
  • sa symptomatologie variable sans induction systématique d’une mortalité foudroyante chez les poulets et dindes comme attendu pour un HPAI
  • sa persistance environnementale inhabituelle durant l’été
  • et enfin, une récupération post-infection associée à une séroconversion HP H5N8 tant chez des canards sauvages que chez des poulets, faisant craindre l’installation d’une immunité qui favoriserait une circulation silencieuse des virus HPH5.

Le virus H7N9 en 2013 : l’homme est infecté pour la première fois

Récemment, un virus H7N9 a émergé pour la première fois chez l’homme. La Chine a rapporté plus de 1.560 cas d’infection au H7N9 depuis l’apparition du virus chez l’homme en mars 2013, et environ 40% des patients contaminés en sont morts, selon des statistiques de l’OMS. Ce virus était faiblement pathogène pour la volaille, n’induisant que peu ou pas de symptômes chez celle-ci et rendant ainsi sa détection et contrôle difficiles. Depuis janvier 2017, une souche hautement pathogène pour la volaille a émergé et, associée à celle-ci, une recrudescence de cas humains. Cependant, comme observé pour le virus H5N1, aucune transmission interhumaine soutenue n’a été démontrée à ce stade, condition essentielle pour qu’un virus influenza devienne pandémique.

La nécessité d’une surveillance

Les virus de la grippe aviaire sont très variables et, dans une large part, imprévisibles en ce qui concerne les risques qu’ils posent du point de vue de la santé humaine. Ils ne peuvent pas être éradiqués des réservoirs d’oiseaux sauvages et, une fois introduits chez les volailles domestiques, leur contrôle est souvent difficile. En circulant chez la volaille et principalement le poulet, ils peuvent acquérir d’autres propriétés telles que l’augmentation de virulence pour les oiseaux, l’adaptation à d’autres espèces associée à une augmentation de virulence. Pour ces raisons, ils représentent un défi considérable pour les scientifiques, les preneurs de décisions et les gestionnaires des risques, et accentuent le besoin d’une collaboration entre les autorités publiques et de santé animale.

De nombreuses études sur l’évolution des virus de la grippe aviaire et l’acquisition de leur virulence pendant leur circulation chez les poulets ont clairement démontré que chacun des virus H5 et H7 est potentiellement dangereux. La probabilité de mutation d’un virus faiblement pathogène en virus hautement pathogène est incertaine et dépendra de nombreux facteurs.

Étant donné le potentiel zoonotique de certaines grippes aviaires, la surveillance de la situation sur le terrain et le fait de se préparer à une crise sont essentiels.

Diagnostic et expertise | développer des outils pour le diagnostic et l’épidémiologie de l’influenza aviaire

Grâce à une surveillance, tant chez la volaille que chez les oiseaux sauvages, nous assurons un service de détection précoce et suivons les menaces potentielles, au niveau national et international.
Sur base de notre expertise, nous conseillons les autorités sanitaires de manière continue pour les aider à contrôler et à lutter contre ce virus.

Nous disposons de l’expertise et des installations de confinement nécessaires pour isoler le virus sans risquer de contamination extérieure. Notre personnel a l’expérience des tests sérologiques, de l’isolement des virus et du diagnostic moléculaire du virus de la grippe aviaire provenant d’échantillons de terrain.

Recherche | analyser le virus pour en limiter son adaptation et sa virulence

En raison du caractère hautement contagieux de la maladie et des nombreuses mutations des virus, Sciensano étudie les virus pathogènes et réalise plus spécifiquement les tâches suivantes :

  • diagnostic moléculaire, virologique et sérologique
  • surveillance des élevages (clinique et sérologique) chez les oiseaux sauvages
  • développement d’outils diagnostiques
  • pathogénèse (adaptation, virulence)
  • phylogénie (étude des relations de parenté entre êtres vivants)
  • mesure de l’immunité (innée et acquise).

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