Le genre et le sexe ont un impact significatif sur la santé, en raison de différences et d’inégalités à la fois biologiques et sociales. Historiquement, la santé des femmes et des filles a souvent été négligée en raison de discriminations. En conséquence, les femmes et les filles ne peuvent pas atteindre leur plein potentiel de santé. Aujourd’hui encore, certaines données liées à la santé des femmes manquent, sont difficiles d’accès, d’analyse et d’utilisation, ce qui entraîne des lacunes en matière de bien-être, de prévention et de soins de santé. La santé des femmes est une vraie question de santé publique. Sciensano publie un nouveau rapport sur la santé qui donne un aperçu détaillé de l’état actuel de la santé des femmes en Belgique.
Les inégalités de genre commencent à se creuser dès l’adolescence, en particulier dans le domaine de la santé mentale
Différentes enquêtes menées en milieu scolaire montrent que la santé mentale des adolescentes est moins bonne que celle des garçons. Elles signalent davantage de symptômes psychosomatiques et dépressifs et plus de pensées suicidaires.
Bien que les filles obtiennent de meilleurs résultats en matière de prévention (par exemple : elles mangent plus de fruits et de légumes) et qu’elles prennent mieux soin d’elles (par exemple : elles brossent plus souvent leurs dents), elles sont globalement moins actives physiquement que les garçons.
Un meilleur soutien en matière de santé sexuelle et reproductive peut améliorer le bien-être des femmes
Bien que l’accès à la contraception soit déjà bon, un meilleur remboursement pourrait encore en améliorer l’accès. Les informations sur le nombre et l’expérience des personnes souffrant d’infertilité manquent en Belgique. Si le nombre de grossesses résultant d’un traitement par FIV est en augmentation en Flandre et à Bruxelles, d’autres informations telles que l’accès aux soins de fertilité et la charge de santé mentale et physique associée aux traitements de fertilité font défaut. De plus, aucune donnée n’est actuellement disponible sur l’épidémiologie de l’endométriose ou du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) en Belgique. En plus d’être souvent mal diagnostiquées, sous-traitées ou méconnues, ces deux maladies sont des facteurs de risque d’infertilité et d’autres affections.
Proportion de grossesses résultant d’une procédure de FIV/IVSI par région et par année, Belgique, 2012-2022
Source: Adapté des rapports de santé périnataux régionaux 2022 (Santé périnatale en Wallonie, Santé périnatale en Région bruxelloise, Perinatale gezondheid in Vlaanderen)
De manière générale, la santé maternelle et périnatale en Belgique est bonne, mais des inégalités existent. En effet, les femmes de nationalité marocaine, africaine subsaharienne et turque ont, en moyenne, de moins bons résultats en matière de santé maternelle et périnatale que les femmes de nationalité belge. Nous avons également très peu de données disponibles concernant la dépression post-partum (DPP).
Les inégalités de genre en matière de santé persistent à l’âge adulte
Bien qu’elles soient plus susceptibles de recourir aux services de santé pour des problèmes de santé mentale, les femmes ont de moins bons résultats sur toute une série d’indicateurs de santé mentale. Le taux de mortalité par suicide est plus faible chez les femmes que chez les hommes en Belgique, mais il est l’un des plus élevés d’Europe.
Une étude européenne sur la santé au travail a également montré qu’en Belgique, les femmes ont une moins bonne santé mentale, plus de problèmes musculosquelettiques (par exemple : des douleurs dans la nuque et les épaules) et subissent plus de violence sur le lieu de travail que les hommes.
Les symptômes de la préménopause (par exemple : des insomnies et changements d’humeur) sont insuffisamment traités en Belgique et peuvent avoir un impact négatif sur la qualité de vie et les risques de maladies. L’amélioration de la qualité de vie des femmes en préménopause est possible grâce au traitement hormonal substitutif et à la prise en charge des symptômes. Cependant, le manque de sensibilisation, la crainte d’effets secondaires et les tabous peuvent empêcher les femmes de se faire soigner.
Les femmes présentent également un risque élevé de maladies cardiovasculaires (en partie en raison des changements hormonaux pendant la ménopause) qui peut ne pas être reconnu par les femmes elles-mêmes et par les prestataires de soins de santé. En effet, les femmes atteintes d’une maladie cardiovasculaire présentent souvent moins de symptômes que les hommes et des symptômes différents.
En ce qui concerne le nombre de dépistages du cancer du sein, du cancer du col de l’utérus et du cancer colorectal, ils sont plus élevés en Région flamande qu’en Région wallonne et qu’en Région de Bruxelles-Capitale. Malgré qu’elle soit gratuite pour les jeunes jusque 18 ans, les taux de vaccination contre le HPV restent trop faibles.
Les femmes vivent plus longtemps, mais passent une plus grande partie de ces années en mauvaise santé
Les femmes âgées sont particulièrement touchées par certaines maladies chroniques comme les maladies musculosquelettiques, l’incontinence urinaire et les démences et elles sont plus à risques de souffrir de multimorbidités, c’est-à-dire de plusieurs maladies simultanément. Elles sont également plus à risque que les hommes de développer la maladie d’Alzheimer, pour laquelle il n’existe pas de traitement adapté.
Les femmes âgées sont particulièrement à risque de chutes et d’ostéoporose entraînant des fractures qui nuisent à leur qualité de vie. En effet, la prévalence de l’ostéoporose était presque dix fois plus élevée chez les femmes âgées de 55 ans et plus (13 %) que chez les hommes (1,8 %) en 2018. Cette différence peut notamment s’expliquer en partie par un sous-diagnostic de l’ostéoporose chez les hommes.
Prévalence de l’ostéoporose par âge et sexe, Belgique, 2018
Source: Enquête belge de santé par interview, Sciensano