SalivaHIS - Etude sur la prévalence d’anticorps contre le coronavirus (SARS-CoV-2) dans la population belge

Last updated on 14-12-2022 by Pierre Daubresse
Durée du projet :
janvier 1, 2021
-
juin 30, 2022

En bref

Entre mars 2021 et avril 2022, un groupe de personnes  sélectionnées au hasard au sein de la population adulte de Belgique, ont reçu par la poste un questionnaire de santé et un kit permettant d’effectuer soi-même un prélèvement salivaire. Sciensano a ensuite analysé ces échantillons afin de déterminer la prévalence des anticorps contre le coronavirus dans le cadre de la crise du Covid-19.

Description du projet

L’objectif de l’étude était d’obtenir des informations sur la prévalence de personnes ayant développé des anticorps contre le coronavirus au sein de la population adulte en Belgique au fil du temps, et d’examiner si cela variait en fonction de l’état de santé et des modes de vie des personnes concernées (p. ex. maladies chroniques, tabagisme, IMC, …). Afin de suivre l’évolution de la présence d’anticorps dans le temps, la collecte de données a été réitérée après environ 3 et 6 mois auprès des mêmes personnes. De cette façon, il était également possible d’étudier les changements éventuels dans la présence d’anticorps contre le coronavirus, en tenant compte du statut vaccinal des personnes.

La prévalence des anticorps contre le coronavirus a été déterminée dans un échantillon aléatoire de la population adulte générale en Belgique, comprenant donc aussi les personnes n’ayant aucun contact avec les services de santé. De ce fait, elle était complémentaire à d’autres recherches de séroprévalence menées auprès de groupes de population spécifiques (donneurs de sang, écoliers, travailleurs de la santé, résidents de maisons de repos). 

Si les participants avaient donné leur consentement, Sciensano conservait leurs échantillons de salive dans sa biobanque. Les participants pouvaient également indiquer si les données collectées dans le cadre de cette étude pouvaient être reliées de manière cryptée à des données provenant de bases de données administratives et cliniques, en vue de recherches scientifiques ultérieures.

Les trois principales questions de recherche de l’étude SalivaHIS étaient les suivantes :

  1. Comment la prévalence des anticorps anti-SARS-CoV-2 a-t-elle évolué au cours de la période d’étude au sein de la population générale, la population vaccinée et la population non vaccinée ?
  2. Quelles caractéristiques sociodémographiques et de santé étaient associées à la séropositivité au sein de la population générale, la population vaccinée et la population non vaccinée ?
  3. Dans quelle mesure les personnes ayant obtenu un résultat positif sont-elles passées à un résultat négatif lors d’un point de collecte de données suivant et quels étaient les facteurs associés à cette séroréversion ?

Les résultats de cette étude ont été utiles aux décideurs politiques belges pour estimer l’impact de la stratégie de vaccination et des différentes vagues de COVID-19 sur la présence d’anticorps contre le coronavirus dans la population. En outre, ces résultats ont fourni des données de recherche permettant de comprendre différents aspects de l’épidémie.

Résultats

Les principaux résultats de l’étude sont résumés ci-dessous.

  • La prévalence des anticorps salivaires contre le coronavirus dans la population adulte résidant en ménage privé en Belgique a augmenté de 25,1% à 92,3% entre avril 2021 et mars 2022. Ceci est principalement le résultat de la campagne de vaccination, qui a atteint une couverture globale pour la primovaccination de 89% dans la population adulte au 31 mars 2022.
  • La prévalence des anticorps mesurée dans cette étude auprès de la population générale était légèrement inférieure à la prévalence des anticorps dans la population des donneurs de sang pour la même période d’étude.
  • Parmi les personnes ayant reçu le vaccin, la prévalence des anticorps a augmenté avec le temps, passant de 92,5% à 99,9% entre avril 2021 et mars 2022.
  • Conformément à la recrudescence des infections lors des 4e et 5e vagues de COVID-19 identifiées en Belgique par les systèmes de surveillance conventionnels, la séroprévalence des anticorps a atteint un pic fin mars 2022 et a même dépassé le niveau de couverture vaccinale de la population. Ceci est probablement le résultat du nombre élevé d’infections, entraînant le développement d’anticorps chez les personnes non vaccinées.
  • Dans la population non vaccinée, l’augmentation initiale de la prévalence des anticorps contre le coronavirus a été observée au début de la période avril-juillet 2021 (de 16,6 % à 21,9 %), mais aucune autre augmentation n’a été constatée au cours des périodes d’étude suivantes. Toutefois, le nombre de personnes non vaccinées à partir du 2e point de collecte de données (vague 2) de notre étude était devenu trop faible pour évaluer cela avec précision.
  • Dans la population totale (vaccinée et non vaccinée), la prévalence des anticorps contre le coronavirus était significativement plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Cette différence était particulièrement perceptible chez les personnes vaccinées.
  • Dans la population vaccinée, la prévalence des anticorps contre le coronavirus était significativement plus faible chez les personnes âgées de 65 ans et plus et chez les personnes atteintes d’une maladie chronique que chez les personnes plus jeunes et les personnes sans maladie chronique, respectivement.
  • Parmi les personnes vaccinées, la prévalence des anticorps contre le coronavirus était plus élevée chez les personnes ayant au moins un diplôme de baccalauréat (par rapport à celles ayant tout au plus un niveau d’éducation secondaire), et les personnes vivant avec d’autres (par rapport à celles vivant seules).
  • Dans la population non vaccinée, les fumeurs avaient une prévalence d’anticorps contre le coronavirus inférieure à celle des non-fumeurs, y compris après correction pour une infection antérieure connue par le COVID-19.
  • La séroréversion, c’est-à-dire la perte d’anticorps mesurables contre le coronavirus, était rare chez les personnes vaccinées, même chez celles qui avaient reçu leur dernière dose de vaccin il y a plus de 3 mois. En revanche, chez environ 1 personne sur 3 qui n’était pas complètement vaccinée, les anticorps étaient devenus indétectables avec le temps.
  • Une surveillance plus poussée des anticorps contre le coronavirus dans la population générale devrait permettre de faire la distinction entre les anticorps générés par la vaccination et les anticorps générés par l’infection et d’évaluer le niveau de protection au niveau de la population et dans des groupes de population spécifiques. Dans une perspective de santé publique globale, la surveillance devrait de préférence être intégrée dans un système de sérosurveillance plus général dans lequel les anticorps contre d’autres agents pathogènes sont également inclus.

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