La période estivale 2020, du 11 mai (semaine 20) au 4 octobre 2020 (semaine 40), a présenté une surmortalité importante de 4,3 % en Belgique (tous âges confondus). En matière de mortalité, l’été 2020 a été exceptionnel pour notre pays. Le pic de décès journaliers a été observé le 13 août 2020 avec 492 décès. C’est le pic de décès journaliers le plus élevé pour une période estivale depuis la vague de chaleur du mois d’août 2003 (429 décès le 12 août 2003). La surmortalité a été plus importante chez les 15-64 ans (+7,8 %) et plus particulièrement chez les hommes de 15-64 ans (+11,7 %), suivi par les 65-84 ans comme cela avait déjà été observé durant l’été 2019. L’analyse par sexe a montré que la surmortalité tous âges confondus a été plus importante chez les femmes (+6,1 %) que chez les hommes (+3,5 %). Chez les femmes, la surmortalité a été plus importante parmi les 65-84 ans. Le taux brut de mortalité a été plus élevé en Wallonie. Après standardisation pour l’âge et le sexe, la Wallonie est restée en tête avec un niveau de mortalité plus élevé par rapport au reste du pays, suivie de Bruxelles et puis de la Flandre. Durant cet été 2020, deux phases d’avertissement du plan forte chaleur et pics d’ozone ont été déclenchées et, durant la deuxième phase d’avertissement, la phase d’alerte a été activée pour la première fois en Belgique. La première phase d’avertissement a été courte (4 jours, du 23 au 26 juin inclus), avec des températures allant jusqu’à 29,9 °C à Uccle et des pics d’ozone (maximum journalier de la moyenne sur 8 h) jusque 141,5 µg/m³ en Flandre. La surmortalité observée du 23 au 26 juin a été faible (88 décès supplémentaires, +8,2 %). La surmortalité a touché plus fortement Bruxelles et la Wallonie que la Flandre. À Bruxelles la surmortalité s’est observée principalement chez les 15-64 ans et en Wallonie chez les 65-84 ans. En Flandre, la surmortalité a surtout été observée chez les hommes de 15-64 ans. La deuxième phase d’avertissement a duré 16 jours (du 2 au 17 août inclus) et a présenté des facteurs de risques météorologiques et environnementaux élevés. Les températures ont été supérieures à 30 °C pendant 8 jours consécutifs, atteignant 35,9 °C. Selon la définition de l’IRM, il y a eu une vague de chaleur de 12 jours et une canicule de 8 jours. Les températures nocturnes ont été également très élevées avec plus de 18 °C pendant 8 nuits consécutives. Plusieurs jours de pics d’ozone ont été observés avec des concentrations (maximum journalier de la moyenne sur 8 h) qui ont atteint 182,8 µg/m³ en Flandre et 175,2 µg/m³ à Bruxelles. Il y a eu 8 jours de dépassements pour les concentrations de PM2,5 en Flandre et, pendant 3 jours, à Bruxelles. Au vu de ces facteurs de risque, la phase d’alerte du plan chaleur a été activée pendant 5 jours, du 8 au 12 août. De la surmortalité a été observée pour l’ensemble de la population à l’échelle de la Belgique durant 12 jours consécutifs à partir du 9 août. La surmortalité a débuté le 5 août à Bruxelles parmi les personnes de 65-84 ans. En Flandre, elle a été observée à partir du 6 août pour l’ensemble de la population, tandis qu’en Wallonie, la surmortalité a débuté un peu plus tard, le 8 août, pour l’ensemble de la population. En été, il est plus rare d’observer de la surmortalité sur l’intégralité d’une semaine. Néanmoins, pour les semaines 33 (10 au 16 août) et 34 (17 au 23 août), il y a eu une surmortalité pour l’ensemble de la population en Belgique. Pour la semaine 33, la surmortalité a été présente dans toutes les tranches d’âge et dans toutes les régions. Au cours de la semaine 34, l’excès de mortalité a été plus limité. De la surmortalité a été observée jusqu’au 20 août, soit 3 jours après la fin de la phase d’avertissement. La surmortalité sur la période de chaleur (du 5 au 20 août, 16 jours) a été extrêmement sévère avec 1 555 décès supplémentaires pour 5 707 décès observés (+37,5 %). Sur l’ensemble de la Belgique, la surmortalité a été plus élevée chez les femmes et chez les personnes âgées à partir de 85 ans. La surmortalité a été plus élevée à Bruxelles, principalement chez les femmes de 15-64 ans. Durant la phase d’alerte (8 au 12 août), il y a eu 43,7 % d’excès de mortalité (566 décès supplémentaires pour 1 862 décès observés) en Belgique. Les deux phases d’avertissement du plan chaleur ont eu lieu lors de la période «inter-vague» 1 et 2 de l’épidémie de COVID-19, durant laquelle le nombre de décès COVID-19 a été faible. Sur l’intégralité de la période estivale 2020 au cours de laquelle 40 992 décès ont été observés, il y a eu 1 491 décès attribués à la COVID-19 (3,6 %). Durant la première période de chaleur, il y a eu 16 décès COVID-19 (9 en Flandre, 6 en Wallonie et 1 à Bruxelles) et 134 décès pour la seconde (78 en Flandre, 36 en Wallonie et 20 à Bruxelles). La COVID-19 a été la cause de moins de 3 % des décès hebdomadaires durant ces deux périodes de chaleur. Sur l’ensemble de la période estivale 2020, la mortalité a été statistiquement significativement corrélée avec les PM2,5, les PM10, l’ozone, les températures minimales, et les températures maximales (par ordre décroissant des coefficients de corrélation). Sur les périodes estivales, il y a eu globalement une tendance à la baisse des taux bruts de mortalité chez les femmes comme chez les hommes, et quel que soit l’âge. Néanmoins, un petit rebond du taux brut de mortalité a été observé lors de la période estivale 2020 chez les hommes de 15-64 ans et chez les personnes à partir de 65 ans. Les taux bruts de mortalité ont été généralement plus élevés chez les hommes. Cet écart avec les femmes a été plus important chez les personnes de moins de 65 ans et il a diminué avec l’âge. La période de 12 mois «hiver 2019-20, été 2020», c’est-à-dire débutant en octobre 2019 et se terminant en mai 2020, s’est traduite par une surmortalité très sévère, la plus importante depuis l’hiver 2000, avec 9,0 % de surmortalité et 9 618 décès supplémentaires sur les 116 435 décès observés à l’échelle de la Belgique. Cette période comprenant deux faits marquants en matière de mortalité en Belgique, à savoir la première vague de l’épidémie de COVID-19 (du 1er mars au 21 juin 2020) et le pic de décès de l’été 2020. Étant donné que le nombre de décès augmente significativement les jours suivants les extrêmes de chaleur ou d’ozone, il est important que la population soit tenue informée des conditions météorologiques et des pics d’ozone et puisse adapter son comportement lors de l’activation de la phase d’avertissement conformément aux recommandations régionales.